CONTE: LA PRINCESSE AUX PÊCHES (PARTIE Iv)
IV. Comment le berger, qui devint roi, accomplit les
deux dernières épreuves
Le roi dit au garçon : « Modère ta
passion,
Tu es brave et tu as réussi ta mission
Mais tu auras demain autre chose à
faire.
J’ai des pigeons qu’à tous mes oiseaux
je préfère,
Que je vais envoyer loin d’ici, et
donner
L’ordre de les faire repartir et ramener
Dès leur arrivée ; un peu plus
tard, écolée,
Je lâcherai une deuxième volée
De pigeons, qui iront, comme les autres
adroits,
En suivant le même chemin au même
endroit.
Pour que de cette épreuve quitte je te
tienne,
Il faut que la deuxième volée de pigeons
vienne
Ici avant l’autre, et que les derniers
partis
Avant les premiers soient ici. »
Bien averti
Du souhait du roi, le bignet se mit en
route,
Quand ils eurent mangé chacun une
croûte,
Avec ses compagnons qu’il avait
recueillis.
Il entendit bientôt l’harmonieux
gazouillis
Des pigeons qui passaient au-dessus de
sa tête ;
Il entendit, peu après, la quintette
De la seconde bande qui traversa les
airs.
Lorsque le firmament en fut devenu
désert,
Le garçon ordonna à la puissante oreille
De lui dire si des deux volées pareilles
La première était en route et allait
revenir.
Il écouta et lui dit : « Je
puis vous tenir
Pour assuré, seigneur, que la première
bande
Est à trois lieues d’avance. » « Ami,
je te demande,
Dit-il à celui qui fait tourner les
moulins,
D’enfler ta bouche et de souffler. »
Ce fut malin,
Car le premier volier de pigeons, sans
prières,
Fut repoussé, frêle, à quatre lieues en
arrière,
Et ceux qui partirent alors les derniers
Arrivèrent avant les autres au
pigeonnier.
Le roi félicita le berger. « Ce fut
preste,
Lui dit-il, mon garçon. Maintenant il te
reste
Une seule épreuve, bien dure, à
accomplir.
Dans une grande plaine qu’on verra se
remplir
De guerriers, il y aura demain une
bataille
Où mes troupes frapperont de pointe et
de taille,
Mais mes ennemis sont plus forts et plus
nombreux,
Et le combat, pour nous, sera bien
ténébreux ;
Il faudra que grâce à toi mon armée l’emporte
Et que tu nous prêtes, dans ce combat,
main-forte. »
Le lendemain, à l’aube, l’amoureux
attela
Sa charrette, et sur le champ de
bataille appela
Celui dont le crachat en verglas se
transforme,
Et lui commanda d’une voix bien ferme
De cracher plusieurs fois sur le terrain
ennemi.
Le bonhomme ne fit pas la chose à demi,
Et le terrain devint si glissant que,
frêles,
Les chevaux tombaient par terre
pêle-mêle.
L’homme au bissac ensuite voila d’obscurité
L’armée qui combattait avec témérité
Au point que les ennemis emplis de
violence
Ne purent apercevoir la pointe de leurs
lances ;
L’armée du roi était au jour, et le
guerrier
Dont l’épée tranchait à sept lieues,
sans le prier,
Assaillit l’ennemi, pareil à la tempête,
En faisant voler et les bras et les
têtes,
Et l’armée ennemie fut détruite en peu d’instants.
Le garçon remercia ses compagnons
constants
Qui, libres, s’en allèrent avec amertume,
Et il voulut avoir l’air et le costume
D’un seigneur, et à sa baguette l’ordonna.
Le roi de le revoir si changé s’étonna,
Et la princesse, qui admira sa
prestance,
Devint son épouse sans nulle résistance.
Peu avant de mourir, le bon roi lui céda
Ses biens et son royaume, et lui succéda
Heureusement, pendant des années bien
fastes,
En régnant justement sur ses sujets
vastes.
[FIN DU CONTE: LA PRINCESSE AUX PÊCHES]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
vendredi 3 avril 2015
Conte: La Princesse aux pêches (Partie IV)
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