samedi 4 avril 2015

Conte: Point-du-Jour (Partie I)

CONTE: point-du-jour (PARTIE I) 

I. Ce qui décida Point-du-Jour à partir à l’aventure, et les bonnes actions qu’il fit

Il était une fois un bien méchant veuvier
Qui avait deux filles et un gars peu à envier ;
Il aimait bien ses filles, de ses soins entourées,
Et à son fils faisait, las, porter les bourrées
Et le bois que toujours il lui faisait couper,
Le frappait, l’envoyait se coucher sans souper.
Il s’appelait Point-du-Jour, et ses deux sœurs étaient
Fort méchantes, et comme leur père le traitaient,
Car elles le frappaient tous les jours sans raison,
Sans qu’elles l’aidassent aux corvées de la maison.
Le pauvre garçon se dit un jour : « Quel calvaire !
Mon père et mes deux sœurs sont toujours sévères !
Je vais fuir, je ne suis pas un vilain peureux,
Et ne saurais être plus las et malheureux. »
Il partit donc sans qu’il n’eût la tête tournée
Et sans se reposer marcha toute la journée
En grignotant un peu de pain rassis et noir.
Point-du-Jour arriva, quand arriva le soir,
A une forêt bien sombre, empli de courage ;
Il s’éleva en ce moment un grand orage,
Le vent soufflait et la pluie tombait à torrents,
Un éclair de l’autre n’était pas différent
Et l’âpre tempête déracinait les arbres.
Immobile comme les statues de marbre,
Il se cacha, tremblant, dans le creux d’un rocher,
Et il sentait la houle de lui s’approcher.
Le garçon ne pensait qu’à prendre la sauvette,
Quand le vent fit tomber un nid de fauvettes
Près de lui, qui sur une branche était construit
Et qui roula sur terre avec un affreux bruit
Avec ses petits qui n’avaient pas de plumes.
Les parents, dans les bois noirs comme une enclume,
Volaient autour d’eux en poussant de petits cris.
Point-du-Jour, qui était bon, de pitié fut pris
Pour ces deux oisillons, et se dit que s’ils restent
Ainsi, les éperviers les mangeront, prestes.
Il sortit du rocher et, vaillant, bravait
La tempête ; avec une ficelle qu’il avait,
Il refit de son mieux le nid, prit les bêtes
Mouillées par la pluie et tombées sur l’herbette,
Les essuya, et dans leur nid il les remit,
Puis plaça le nid dans l’arbre qui frémit.
La fauvette lui dit : « Que ton âme est bonne,
Point-du-Jour, mon garçon ! Approche, je te donne
Une de mes plumes qui te confortera,
Elle est enchantée et chance te portera. »
Il prit une de ses plumes et reprit la route
En continuant à errer sous la voûte.
Au bout de quelque temps, il vit un grand lézard
Qui était sous une pierre, en passant par hasard,
Et s’évertuait à sortir comme d’un gouffre.
« Ah ! ma pauvre bête, dit-il, comme tu souffres ! »
Et il en libéra le lézard qui boitait.
D’une bouteille d’eau-de-vie et qui était
Avec lui, il lui mit une goutte en bouche
Et il recommença à marcher. Point farouche,
Il dit à Point-du-Jour : « Mon ami, au revoir,
Récompenser ton bon cœur sera mon devoir. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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