jeudi 2 avril 2015

Conte: La Princesse aux pêches (Partie III)

CONTE: LA PRINCESSE AUX PÊCHES (PARTIE IIi) 


III. La première épreuve qu’accomplit le vaillant garçon

Le pâtour salua le roi, lorgna sa fille,
Qui était aussi belle qu’elle était gentille ;
Quand il s’éloigna du château hospitalier,
De sa baguette sur le bois d’un échalier
Il frappa, souhaitant qu’il fût une charrette
Légère et robuste et à voyager prête.
Son souhait s’accomplit ; avant de s’éloigner,
Le garçon aperçut, en haut d’un châtaignier,
Deux beaux écureuils qui grignotaient des châtaignes.
Il donna deux coups sur le tronc et dit : « Daigne,
Ma bonne baguette, en deux chevaux fringants
Et qui ne sont ni fatigués ni fatigants,
Transformer ces deux beaux écureuils tout de suite. »
Ils descendirent au lieu de prendre la fuite ;
Petits d’abord et par la charrette cachés,
Ils devinrent deux beaux chevaux bien harnachés
Que le garçon attela, de peur de les perdre,
Bien vite. Sans fouet, quand il donnait un ordre,
Ils y obéissaient à la voix prestement
En continuant à errer modestement.
Le premier homme qu’il rencontra, formidable,
Essayait de faire bouger, inaidable,
Une église qu’une bouse de vache souillait.
Il était las et à la besogne suait,
Mais il avait déjà dérangé l’édifice
Et qu’il poussait, comme pris d’un maléfice.
Le garçon l’invita poliment à monter 
Dans sa charrette ; il dit : « Merci pour ta bonté »,
Et sans qu’on le priât accepta son offre.
Un peu plus loin il vit, l’oreille sur le gouffre,
Un homme par terre couché qui écoutait.
Qu’il fût raisonnable notre gars se doutait,
Mais il lui demanda : « Aussi seul qu’un moine,
Que fais-tu là ? » « J’entends, dit-il, lever l’avoine. »
Il monta avec lui et en semblait content.
En voyageant encor, sans attendre longtemps,
Il vit un autre homme qui se gonflait la joue
Comme devant une soupe trop chaude on fait la moue,
Et il lui demanda : « Bonhomme sans deniers,
Pourquoi souffles-tu ? » « Du moulin de mon meunier
A sept lieues d’ici, je fais tourner les ailes. »
Lui répondit l’homme à l’étrange zèle.
Il vint aussi avec lui. Le garçon, plus tard,
– De voir tant de prodiges on peut être vantard –
Vit Un homme crachant par terre, et qui transforme
Son crachat en verglas, et, fardeau énorme,
Un autre qui avait sur son dos un bissac
Contenant la nuit et le jour, au bord d’un lac.
Ils montèrent avec lui comme leurs camarades,
De leurs talents ayant contemplé la parade,
Le bignet se disait qu’arrivé à la cour
Ils pourraient lui être d’un bien précieux secours
Quand le roi lui dirait l’épreuve suivante.
Le garçon rencontra enfin, plein d’épouvante,
Un farouche guerrier qui bien loin se trouvait,
Dont le sabre était plus grand que lui, et pouvait,
S’il le voulait, trancher à sept lieues de distance.
Il monta avec lui sans trop d’insistance,
Et comme à ce moment le soleil se couchait,
Le brave garçon que la nuit effarouchait
Repartit au château avec son équipage,
Pareil à un noble seigneur avec ses pages. 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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