mardi 3 mars 2015

Conte: La Sirène de la Fresnaye (Partie IV)

CONTE: LA SIRÈNE DE LA FRESNAYE (PARTIE IV)


IV. Ce qui arriva quand le sabotier et sa famille virent la Sirène de la Fresnaye une deuxième fois

Ils ne virent point la Sirène un an entier ;
La bourse cependant du pauvre sabotier
Diminuait, et plus elle devenait légère,
Plus il songeait à la Sirène passagère.
Souvent il s’en allait, le cœur sombre et amer,
A l’endroit où il la vit, au bord de la mer,
En promenant les yeux et prêtant l’oreille
Pour retrouver cette beauté sans pareille
Sur les mêmes vagues que jadis elle hantait.
Un jour, la famille l’entendit qui chantait,
Ils accoururent, bien joyeux et bien prestes,
Et virent la Sirène lumineuse et chaste ;
Tout rayonnait autour d’elle et était vermeil,
Et la mer brillait comme un rayon de soleil.
Quand elle fut à une petite distance,
Le sabotier lui dit : « Pour ta douce constance
Nous te remercions et sommes reconnaissants.
Tu n’as point fui, bonne Sirène, en nous laissant,
A toute tes promesses tu demeures fidèle
Alors que pour partir tu n’as point besoin d’ailes,
Et j’espère que je ne te prierai pas en vain
De m’aider, car je n’ai plus ni argent ni pain. »
« Bientôt, vous n’allez plus manquer de ressources,
Dit la Sirène, et je vais remplir votre bourse. »
Elle déplia ses nageoires et battit l’eau
Et elle envoya au rivage un heureux flot
D’or et d’argent, suivi bientôt par un deuxième.
« Vous vivrez heureux, toi et ta femme que tu aimes
Et tes deux enfants, grâce à tout cet or pesant.
Moi, je m’en vais chercher des flots plus reposants,
Emploie bien ton argent, sabotier. Sur ces ondes
Tu ne reverras plus ; je pars pour l’Inde. »
Dit la Sirène qui s’éloigna sans tarder.
Toute la famille fut à la regarder
Et à la saluer, les yeux emplis de larmes.
Jamais on ne revit la Sirène aux doux charmes,
Et dans la baie de la Fresnaye nul n’entendit
Ses charmantes chansons qu’elle chantait tandis
Qu’elle emplissait tout le rivage de lumière,
Et qui étaient aussi douces que des prières.

[FIN DU CONTE: LA SIRÈNE DE LA FRESNAYE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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