CONTE: LA SIRÈNE DE LA FRESNAYE (PARTIE Ii)
II. Comment le sabotier put capturer la Sirène, et ce
qu’il en fit
Le sabotier pensait au poisson
formidable
Dont le foyer était la mer insondable
Et dont il désirait à tout prix s’emparer,
Car à nul autre on ne pouvait le
comparer.
Un jour qu’il se promenait, seul, sur le
rivage,
Il vit, endormie, la Sirène sauvage
Qui, bercée par les flots, tout près du
bord flottait,
Alors que la brise doucement la
ballotait.
Il se mit à l’eau sans faire de bruit ;
sous elle,
Passant un panier sous la jolie
demoiselle
Qu’il emporta à terre, doucement, sans l’éveiller.
Le sabotier resta à s’émerveiller
De sa frêle beauté ; elle était de
la taille
D’un enfant de huit ans, d’une grâce
sans faille,
Son corps était blanc et ses cheveux
couleur d’or,
Et rien n’était plus beau que cette
belle qui dort
Et qui au lieu des pieds avait des
nageoires
Et une longue queue. « Ah ! Je
ne puis croire
Qu’une telle créature existe bel et bien !
Mon petit gars surpris n’a exagéré rien,
Dit le sabotier, c’est une chose
curieuse
Que cette Sirène charmante et radieuse. »
Il songeait ainsi en reprenant son
chemin,
Quand elle s’éveilla. « Sabotier
inhumain !
S’écria-t-elle, je dormais, tu m’as
surprise ;
Mais je ne t’en veux pas pour cette
traitrise,
Ramène-moi à l’eau et je te protégerai,
Et grâce à mes pouvoirs rien ne vous
affligerait
Toi, ton épouse, ton garçon et ta fille,
Et je veillerai sur toi et ta famille. »
« Non, répondit-il, bien qu’il ne
fût point méchant,
J’ai passé tant de jours te guettant et
cherchant ;
Je vais te porter à la maison tout de
suite,
Car si je te ramène tu prendras la
fuite.
Tu n’es point une femme et tu n’es point
poisson !
Quand tu auras chanté une de tes
chansons,
Je te ramènerai si ma femme chérie
Le veut. » Il appela sa femme : « Viens,
Olérie !
Amène les enfants ; je viens de
capturer
La belle Sirène, et qui m’a conjuré
De la laisser partir. Mais avant, qu’elle
chante. »
La femme accourut ; elle n’était
point méchante,
Mais elle dit : « Non, il
ne faut point y songer !
Ce poisson est trop beau, il faut le
manger. »
« Ah ! soupira alors la
Sirène, aux ondes
Je dois revenir, ou ne serait plus de ce
monde.
Si tu te nourris de ma chair, tu vas
mourir,
Et ton mari, comme tes enfants, vont
souffrir.
Je ne suis point poisson et je ne suis
point femme,
Je suis la Sirène de la Fresnaye,
madame.
J’exaucerai tous tes vœux, et tu dois
savoir
Que des antiques fées je possède le
pouvoir.
Si je reste ici, je ne pourrai point
vivre,
Et si vous me mangez, vous allez me
suivre.
Dépêche-toi donc à mon sort de
réfléchir,
Car si tu y consens, je puis vous
enrichir. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
dimanche 1 mars 2015
Conte: La Sirène de la Fresnaye (Partie II)
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