dimanche 1 mars 2015

Conte: La Sirène de la Fresnaye (Partie II)

CONTE: LA SIRÈNE DE LA FRESNAYE (PARTIE Ii)


II. Comment le sabotier put capturer la Sirène, et ce qu’il en fit

Le sabotier pensait au poisson formidable
Dont le foyer était la mer insondable
Et dont il désirait à tout prix s’emparer,
Car à nul autre on ne pouvait le comparer.
Un jour qu’il se promenait, seul, sur le rivage,
Il vit, endormie, la Sirène sauvage
Qui, bercée par les flots, tout près du bord flottait,
Alors que la brise doucement la ballotait.
Il se mit à l’eau sans faire de bruit ; sous elle,
Passant un panier sous la jolie demoiselle
Qu’il emporta à terre, doucement, sans l’éveiller.
Le sabotier resta à s’émerveiller
De sa frêle beauté ; elle était de la taille
D’un enfant de huit ans, d’une grâce sans faille,
Son corps était blanc et ses cheveux couleur d’or,
Et rien n’était plus beau que cette belle qui dort
Et qui au lieu des pieds avait des nageoires
Et une longue queue. « Ah ! Je ne puis croire
Qu’une telle créature existe bel et bien !
Mon petit gars surpris n’a exagéré rien,
Dit le sabotier, c’est une chose curieuse
Que cette Sirène charmante et radieuse. »
Il songeait ainsi en reprenant son chemin,
Quand elle s’éveilla. « Sabotier inhumain !
S’écria-t-elle, je dormais, tu m’as surprise ;
Mais je ne t’en veux pas pour cette traitrise,
Ramène-moi à l’eau et je te protégerai,
Et grâce à mes pouvoirs rien ne vous affligerait
Toi, ton épouse, ton garçon et ta fille,
Et je veillerai sur toi et ta famille. »
« Non, répondit-il, bien qu’il ne fût point méchant,
J’ai passé tant de jours te guettant et cherchant ;
Je vais te porter à la maison tout de suite,
Car si je te ramène tu prendras la fuite.
Tu n’es point une femme et tu n’es point poisson !
Quand tu auras chanté une de tes chansons,
Je te ramènerai  si ma femme chérie
Le veut. » Il appela sa femme : « Viens, Olérie !
Amène les enfants ; je viens de capturer
La belle Sirène, et qui m’a conjuré
De la laisser partir. Mais avant, qu’elle chante. »
La femme accourut ; elle n’était point méchante,
Mais elle dit : « Non, il ne faut point y songer !
Ce poisson est trop beau, il faut le manger. »
« Ah ! soupira alors la Sirène, aux ondes
Je dois revenir, ou ne serait plus de ce monde.
Si tu te nourris de ma chair, tu vas mourir,
Et ton mari, comme tes enfants, vont souffrir.
Je ne suis point poisson et je ne suis point femme,
Je suis la Sirène de la Fresnaye, madame.
J’exaucerai tous tes vœux, et tu dois savoir
Que des antiques fées je possède le pouvoir.
Si je reste ici, je ne pourrai point vivre,
Et si vous me mangez, vous allez me suivre.
Dépêche-toi donc à mon sort de réfléchir,
Car si tu y consens, je puis vous enrichir. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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