lundi 2 mars 2015

Conte: La Sirène de la Fresnaye (Partie III)

CONTE: LA SIRÈNE DE LA FRESNAYE (PARTIE III)


III. Libérée par le sabotier et sa femme, la Sirène de la Fresnaye tint sa promesse

« Alors, qu’en penses-tu ? » Demanda Olérie
A son époux. « Ramenons-la en mer, ma chérie,
Pourquoi la faire mourir ? De sa sincérité
Je ne doute point, et elle dit la vérité,
Répondit-il. Cette Sirène est gentille
Et innocente comme notre petite fille,
Ce serait dommage qu’elle meure cruellement,
Et nous regretterions sa mort éternellement. »
Ils prirent le panier et portèrent ensemble
Aux ondes où elle était la Sirène qui tremble
Et l’y plongèrent sans faire de conditions.
Maintenant sûre de ne plus être en perdition,
Elle rit bruyamment en sentant l’eau fraîche
Et dit au sabotier, sans lui faire de prêche :
« Pour te faire plaisir qu’est-ce que je ferais ? »
Il répondit : « Pas grand chose ; je désirerais
Du pain, du poisson et des habits plus propres,
Car il ne nous reste plus une seule câpre,
Et l’hiver approche, et nous aurons bien froid. »
« Je t’apporterai tout cela à cet endroit
Le lendemain. » lui promit la belle Sirène.
« Je voudrais, poursuivit-il, une autre étrenne
Que tu nous ferais par bonté ; il est urgent
Que je paye mon maître, et je n’ai plus d’argent. »
La Sirène ne dit rien ; avec ses nageoires
Elle battit l’eau plus claire qu’une moire,
Et des gouttelettes il jaillissait de l’or
Et qui tombait aux pieds du sabotier alors.
Toute la grève en fut rapidement couverte.
« Cette fortune est à vous et vous est offerte,
Dit la Sirène, et vous pouvez la ramasser. »
Ils le firent tous et ne pouvaient se lasser
De remercier la bonne Sirène, retournèrent,
Les poches remplies d’or, chez eux, et se bornèrent
A attendre sagement venir le lendemain.
Le sabotier, le jour suivant, prit le chemin
De la mer, et avec sa femme ils attendirent.
La Sirène chantait et ils l’entendirent,
Elle s’approcha d’eux en glissant sur les flots,
Et de ses nageoires frappa doucement l’eau :
Une grosse vague déferla sur la grève
Et puis se retira, éphémère comme un rêve,
En laissant aux pieds du sabotier charmé
Et de son épouse, un grand coffre bien fermé.
La Sirène sauta sur l’eau trois fois ensuite,
Et dit au sabotier : « Je ne prends point la fuite
Et je vous aiderai quand vous en aurez besoin.
Dans ce coffre fermé que voici j’ai pris soin
De te laisser tout ce que tu me demandes. »
Ce soir-là, toute la famille gourmande
Mangea à son gré. Ils trouvèrent des vêtements
A leur taille, et avec un grand contentement,
Chaque fois qu’ils revenaient au rivage, ils pêchaient
Abondamment les bons poissons qui se cachaient.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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