mardi 6 janvier 2015

Conte: Jean sans Peur (Partie IV)

CONTE: JEAN SANS PEUR (PARTIE IV) 



IV. Ce que Jean fit en arrivant à une ville dont tous les habitants étaient vêtus de noir

Un jour Jean entra dans une ville. Ses habitants,
Qui semblaient attendre quelque chose d’inquiétant,
Etaient vêtus de noir et avaient la mine triste.
Frappé de les trouver ainsi, l’aventuriste
Leur demanda de qui le deuil était conduit.
« On voit bien que vous êtes étranger. Aujourd’hui,
Lui dit-on, nous portons tous ces habits sombres
Qui nous rendent pareils, seigneur, à des ombres,
Car demain la Bête à sept têtes va dévorer
La fille du roi qu’il n’est pas le seul à adorer.
Bien qu’elle soit belle comme un jour d’été et l’aurore,
Nul ne s’est présenté pour la défendre encore,
De peur de la Bête et son feu plein de courroux.
Celui qui la sauvera deviendra son époux,
Mais personne n’ose braver cette farouche créature. »
« Moi, dit Jean, je veux bien tenter l’aventure,
Et je sauverai la belle fille du roi
Car je ne sais encore ce que c’est que l’effroi. »
On le mena au roi, qui prit espérance
Et de sa fille chérie rêvait la délivrance
Grâce à ce jeune homme qui lui apparut preux.
Jean vit la fille du roi ; il tomba amoureux
De sa beauté qu’il ne vit point dans ses voyages.
Le roi promit de la lui donner en mariage
S’il triomphait de la Bête. A l’aurore, bien droit,
Jean, avec la princesse, vint au fatal endroit
Où était cette Bête qui inspirait tant d’alarmes.
La princesse, pensant mourir, pleurait mille larmes,
Et bientôt Jean vit le monstre qui arrivait,
Ses sept têtes cornues et sa flamme qui le suivait.
D’une main il prit son étole, de l’autre son sabre,
Et s’avança à sa rencontre, hardi et sombre.
De l’étole il fit un bouclier, protégé
Du feu du monstre qui, étonné et piégé,
Recula d’abord, puis revint à la charge.
Le héros le retint à l’aide de sa targe
Et lui assena un coup tellement puissant
Qu’il lui coupa quatre têtes, en lui cassant
Deux cornes. Il frappa les trois autres têtes
Qui tombèrent à côté du corps de la Bête.
Ne pouvant ni lancer du feu ni respirer,
Elle ne tarda pas, sanglante, à expirer ;
Jean coupa ses sept langues, souvenirs de son courage,
Et la laissa morte et ne montrant plus sa rage.
La fille du roi revint au palais. Lui, sa cour,
Et tous se réjouirent de la voir vivre toujours.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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