mercredi 18 décembre 2013

Vie de sainte Odile (Troisième partie)

Vie de sainte Odile (troisième partie)
Première partie
Deuxième partie 
III
 
La pauvre enfant fut donc portée finir ses jours
Dans ce couvent serein, asile empli d’amour
Caché aux yeux des hommes dans les bois pleins d’ombre.
Qui étaient toujours doux, bien qu’ils fussent souvent sombres.
Gontran le construisit, roi béni par le sort,
Quand il y trouva un miraculeux trésor.

Doucement attendri par son destin austère,
Un évêque baptisa l’enfant du monastère ;
Il pleurait, le digne homme, en versant sur son front
L’eau baptismale, larme de Dieu mêlée aux siennes.
Ô prodige ! Mystères des destinées humaines !
Quand il en versa la dernière goutte, tout à coup,
La petite ouvrit en souriant ses deux yeux doux
Couleur d’améthyste, qui sondaient des merveilles,
Et regardait l’évêque, à l’aurore pareille.
Elle n’était plus aveugle et l’évêque affolé
Par la joie, et par ce miracle consolé,
S’écria : « Ô, chère fille ! Chère fille, sois bénie !
Ma vie éphémère sera bientôt finie,
Souffrez, ô, Dieu ! que je la voie une autre fois
Dans la vie éternelle ! Et cet homme de foi
A la petite donna le doux nom d’Odile.
Loin du monde agité, au fond des bois tranquilles,
Elle grandit dans la paix de son cloître adoré
Comme une fleur au calice brillant et coloré,
Elle fut bercée par les murmures des rivières
Et les chants des oiseaux, qui semblaient des prières,
L’aurore blanchit sa peau et le soleil dora
Ses cheveux, la rêveuse nature l’honora
De mille présents divers, qui rendirent jalouses,
Bien qu’elles ne fussent ni amantes ni épouses,
Maintes nonnes du couvent, qui l’aimaient cependant.
Les ailes des anges étaient moins blanches que ses dents,
Cette douce créature pleine de jeunesse !
Et elle ressemblait à ces antiques déesses
Qui jadis régnaient sur le monde et sur les cœurs.

Un jour, elle entendit deviser deux bonnes sœurs
Par hasard, en passant par-devant leur porte ;
Elle sut que sa mère, Bérhésinde, était morte,
Que le duc était son père, qu’il était vivant,
Et que son frère s’appelait Hugues, noms qu’en rêvant
Elle se répéta mille fois, ravie et surprise,
Comme une amante le nom dont elle est éprise.
 
[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
 

1 commentaire:

Mon avis sur cet article: