| LES SONGES DE SAINT PATRICE (Quatrième PARTIE)
IV 
Un soir, il
s’endormit près d’un feu énorme, 
Après avoir
doucement essuyé les larmes 
De trois bûcherons
par ses paroles consolés. 
Du Christ et de son
père il leur avait parlé, 
De l’éden, du
salut, de la sainte lumière, 
En leur rappelant
aussi leur fange première ; 
Il leur dit : « Mes
frères, sachez tous que Dieu 
Ne nous oublie
point, qu’il est miséricordieux, 
Les rois et les
druides de ses foudres tremblent, 
Vos chaînes sont
si pesantes aujourd’hui qu’elles vous semblent 
Impossibles à
briser. Mais le Seigneur vous voit  
Et il vous sauvera
si vous avez la foi ! 
Dormez en paix, ô,
mes frères d’infortune, 
Sous l’œil toujours
ouvert de la sombre lune. » 
Et Patrice s’endormit
lui-même avec eux. 
Il vit Satan,
géant sombre qu’embrase le feu  
De l’enfer, et que
les vents jamais n’éteignent, 
Furieux, rouler
sur lui une noire montagne 
Pour l’écraser.
Alors il cria, horrifié : 
« Ô, Élie !
Aidez-moi, car je ne puis défier 
Ce monstre
tout-puissant à la gueule enflammée ! » 
Et la montagne,
comme une éphémère fumée, 
Se dissipa, et le
jeune esclave, dans la nuit, 
Vit Jésus
rayonnant qui marchait vers lui ; 
Il fut ébloui par
sa blancheur surnaturelle, 
Ses divines mains
le bénissaient avec zèle 
Et de son sourire
le resplendissement 
Emplit son cœur de
joie et d’émerveillement 
Comme d’un vin
mystérieux on emplit une coupe vide ; 
Il n’était plus
las et il n’était plus livide, 
Cessant d’être par
le sommeil appesanti, 
Le feu était
éteint et les bûcherons partis 
Quand il ouvrit
ses yeux illuminés, qui virent  
Le jour nouveau de
Dieu devant lui reluire. 
Il s’écria : « Enfin !
Je l’ai vu ! Le Christ vient 
A mon secours, et
de mes prières se souvient ! 
Je suis libre
comme le seront mes frères ! » 
Il rêva d’un
navire que la houle altière 
Poussa sur la
côte, et entendit une voix 
Forte et obstinée,
qui lui cria plusieurs fois : 
« Ce navire
va bientôt mettre à la voile, 
Entre toi et ton
pays il n’y a que quelques étoiles ! 
Retourne à ta
Bretagne ! » Et Patrice rêveur 
Qui vit
appareiller le navire sauveur 
Se leva en
sursaut, et courut, agile, 
Vers le rivage à l’autre
cap de la ville. 
Il vit des
marchands qui en Bretagne étaient nés 
Et éploré il les
supplia de l’emmener, 
Au nom de Dieu et
au nom de la Patrie. 
Mais, âmes rudes
et par l’océan aigries, 
Ils refusèrent
durement d’abord, puis étonnés, 
Emus par les
prières de ce jeune condamné 
Et le timbre de sa
voix suppliante 
Qui leur rappela,
malgré eux, leur patrie souriante, 
Ils l’emmenèrent
avec eux. Par les pirates surpris, 
Il fut une
nouvelle fois par ces monstres repris 
Et revendu en
Gaule. Des amis le rachetèrent 
Et il se retira
alors au monastère 
De Lérins, de
toutes ces aventures las, 
Et il se préparait
à son apostolat 
Car les douleurs
des fils d’Érin étaient restées 
Dans son âme
sombre qu’elles n’avaient jamais quittée. 
L’aube blanchit le
ciel, Patrice se réveilla 
Par ce songe
troublé, et en pleurant pria. [A SUIVRE] 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène | 
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2197.
dimanche 5 août 2012
Les songes de saint Patrice (quatrième partie)
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Patrice l affectueux se sacrifie pour l aultrui .
RépondreSupprimerOui, on peut considérer sa quête spirituelle comme étant également une quête "sacrificielle". Merci d'avoir lu et commenté ce poème.
RépondreSupprimerCordialement,
M.Yosri.