mercredi 27 juin 2018

L'amour des mortels

L'amour des mortels

Jamais tu ne seras plus belle qu’aujourd’hui
Ni moi plus amoureux de ton doux visage,
La mort sur son vaisseau délabré nous conduit,
Poussés par la brise, vers son noir rivage,

Et la brise grossit, nourrie par le festin
De nos soupirs, de nos regrets, des aurores,
Et devient tempête car c’est notre destin,
Hyperbole enfantée par une métaphore !

Alors, ma belle, aimons-nous et laissons la Mort
Labourer nos deux fronts avec sa faux luisante,
Les emplir de rides sans emplir de remords
Nos âmes que l’amour a rendues puissantes ;

En dansant lestement, beauté, sur nos tombeaux,
Aimons-nous calmement au bord de l’abîme,
L’abîme, peut-être ce qu’il y a de plus beau,
Et le tombeau ce qu’il y a de plus sublime !

Avec ferveur, avec grandeur, avec bonheur,
Embrassons-nous, mon cher et chétif squelette !
Et nous verrons l’amour s’épanouir dans nos cœurs
Comme une fleur fanée que mangent les bêtes.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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