samedi 19 novembre 2016

La Mort du Pauvre

La mort du pauvre

Alexandre Antigna, La Mort du Pauvre (1855)

Un pauvre est mort dans sa demeure misérable,
Las, vaincu par la faim et par le désespoir ;
Il a enfin fermé ses yeux vénérables
Qui rêvaient tous les jours de ne plus rien voir.

Sa vie ne fut qu’une épuisante agonie,
C’était un être obscur et couvert de haillons
Qui bravait du Destin l’implacable ironie,
Et errait dans les rues, le soir, sous les rayons,

Employé à quelque basse et rude besogne,
Travaillant et mendiant, mendiant et travaillant,
Et promenant partout son grand cœur qui saigne
Et ses pas fatigués qui demeuraient vaillants.

Pour le salut de sa famille qui souffre
Son front était empli d’une ingrate sueur,
Et il sentait sous lui un immense gouffre
S’ouvrir comme un rêve dans la nuit sans lueurs.

Sa femme et sa fille pleurent et se lamentent,
Noires allégories de la sombre Douleur,
Malgré leur pauvreté tristement charmantes,
En contemplant ce mort sans suaire et sans couleurs ;

Son fils, qui ne comprend rien aux arrêts du sort,
Regarde son père, puis il les regarde,
Pour lui, la vie n’est qu’un mot, tout comme la mort,
Et il leur demande : « Est-ce que papa dort ? »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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