dimanche 2 octobre 2016

Les vieilles filles

Les vieilles filles

Francisco de Goya, Les Vieilles (1808-1812)

Deux vieilles devisent de maintes choses,
Leurs souvenirs comme leurs corps tremblant,
L’une est vêtue de noir, l’autre de blanc,
Et leurs fronts décharnés ne sont plus roses.

Celle vêtue de blanc, restée coquette
Malgré l’âge, contemple son portrait,
Tandis que l’autre lui fait voir ses traits
Dans le miroir de l’Ironie muette ;

Elle semblent toutes deux des cadavres,
Vieilles filles expirantes en mal d’amour,
On eût dit la Nuit à côté du Jour,
Nefs décrépites errant loin du havre

Que brisent les écueils et les ondes !
Leurs cœurs, qui battent à peine, tristes et las,
Bientôt cesseront de battre, hélas !
Point d’enfants, point d’époux, seules au monde !

Et pourtant, elles ont été belles,
Elles ont fait soupirer maints amants,
Comme le soleil chaud au firmament
Leur beauté a rayonné, rebelle !

Chronos, archange inquiétant, derrière elles
Se tient debout, de son balai armé,
Et il attend, sans en être alarmé,
L’heure de chasser leurs poussières frêles. 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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