dimanche 30 octobre 2016

Le Crime d'Ugolin

Le crime d'ugolin

Eugène Delacroix, Ugolin et ses fils dans la tour (1860)

Ugolin et ses fils se meurent lentement 
Dans une sombre tour, emplie des chuchotements
Des spectres et des rats et des choses impures
Qui hantent éternellement leur prison obscure. 

Assoupis par la soif, endormis par la faim,
Victimes et bourreaux, leur supplice est sans fin,
Leurs nobles vêtements sont d’affreuses guenilles ;
Le tyran de Pise voit mourir sa famille
Et semble méditer quelque dessin puissant.
Dans une tour tout ce qui reste de son sang
Est répandu, auprès de lui, dans les ténèbres !
Trépasser âprement dans ces lieux funèbres
Comme un coupe-jarret, comme un obscur voleur !
Son fils aîné gémit et change de couleur,
Son fils cadet est mort, étant le plus faible,
Les deux autres se sont évanouis. L’œil trouble,  
Le cadet soupire : « Que ferons-nous, père ?
Nous allons tous mourir ici ! Je désespère
Car rien ici-bas ne viendra nous secourir.   
Etranglez-moi, père, je suis las de souffrir !
Ah, s’il faut trépasser, que ce soit par vos mains !
Nous, nous ne verrons pas le soleil de demain, 
Mais vous, vous avez plus de vie et de force,
Car nous nous sommes les feuilles et vous êtes l’écorce
De l’arbre de notre famille qui tombera.
Que faire ? Hélas ! mon cœur bientôt succombera ! »  

Calme et terrible, sans tristesse et sans colère, 
Ugolin lui répond : « Mon fils, mangeons ton frère. » 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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