dimanche 11 septembre 2016

Conte: Malia

CONTE: MALIA 

Les jeunes femmes de la piève étaient jalouses
De la belle Malia qu’on voulait pour épouse.
Son doux visage blanc n’avait point de pareil,
Et elle rayonnait comme un radieux soleil,
Mais à tous ses amants elle était rebelle
Car le fils du seigneur, qui l’appelait sa belle,
Lui avait fait serment de l’aimer pour toujours,
Et elle lui avait juré le même amour
Malgré l’inimité entre la famille
Du jeune Matteo et de la jeune fille,
Car le seigneur della Rocca était cruel
Et il avait tué son frère sans duel. 
Mais pour deux jeunes gens amoureux qui espèrent,
Qu’importe ces folies de leurs vieux pères ?
L’amour n’écoute rien, il est toujours vainqueur,
Et quand on est jeune on n’obéit qu’à son cœur.
Ils étaient obligés de se voir en cachette,
Toutefois, à l’abri des regards, l’âme inquiète.

C’était un fort beau soir d’été, quiet et charmant.
Malia, à sa fenêtre, attendait son amant,
Fût-ce celui des feuilles ou des branches cassées,
Attentive au moindre bruit, d’attendre lassée,
Frissonnant des ombres, de la lune et du vent,
S’impatientant souvent, guettant partout, rêvant.
Il arriva enfin, à minuit, heure sombre !
Son grand manteau flottait au vent, dans l’ombre,
Et il était monté sur un cheval fougueux.
« Malia, Malia ! Descends ! Vivons comme des gueux
S’il le faut, mais allons-nous-en ! Pour notre fuite,
Un vaisseau nous attend. » « Oui, oui, tout de suite ! »
Répondit la pauvre Malia sans réfléchir, 
Pleine de son amour que rien ne peut fléchir.
Elle descendit donc. « Me voilà ! Je tremble,
Matteo, mais je veux que nous soyons ensemble !
Vite, mon Matteo, mon âme est d’effroi pleine ! »
Patata, patata, villages, monts et plaines,
Disparaissez ! Malia a le cœur bien content,
Mais elle ne sait pas du tout ce qui l’attend :
Le cavalier, c’était en vérité le Diable.
Ils vont ; le voyage continue, effroyable.
Malia est tremblante : « Mon Matteo, j’ai froid ! » 
Le Diable ricana : « Je comprends ton effroi, 
Mais tu auras bien chaud en enfer, ma belle. »
La pauvre s’évanouit. D’une main cruelle,
Le Diable la saisit, la met sur son cheval
Et continue bientôt son voyage fatal.
Ils tombent dans la mer, fort loin de la Corse,
A la bête les flots donnent plus de force,
Les requins courroucés, les monstres de la mer,
S’acharnent sur le corps de Malia dans les fers.
Des naseaux du cheval jaillissent des flammes,
En avant, en avant ! La pauvre jeune femme
N’est plus qu’une tête sanglante au front hideux.
Les voilà arrivés en enfer tous les deux.
Les énormes portes s’ouvrent d’elle-même
Laissant passer Satan et sa victime blême.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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