dimanche 25 septembre 2016

Léocadie

léocadie

Francisco de Goya, Une manola: Léocadie Zorrilla (1819-1823)

Le ciel et les tombeaux souriant derrière elle,
Doña Leocadia, indifférente au jour, 
Songe à la jeunesse, cette chose frêle,
Et à l’enfance de ses premières amours.

Les noms de ses amants parfois lui reviennent,
Pareils à des spectres cachés dans des manoirs,
Elle sourit, bercée par ces choses anciennes,
Les adieux de l’aurore et les serments du soir ;

Tandis que ses doigts blancs oppriment sa joue droite,
Les souvenirs nombreux qui assiègent son cœur
Comme une sombre armée une cité étroite,
S’écrient avec fureur, tout-puissants et vainqueur :

« Où est donc ta beauté ? Où est donc ta grâce ?
Tu ne régneras plus sur les cœurs des mortels !
Le Trépas aux lèvres froides t’embrasse,
Les billets embrasés parfument ton autel !

Leur relent se répand comme une brûlure
Dans ton cœur qui souffre, dans ton cœur qui gémit !
Où sont donc maintenant tes fières allures ?
Toi qui faisais frémir, aujourd’hui tu frémis ! »

Et la veuve se tait, sombre et majestueuse,
Comme son voile blanc et sa robe de deuil,
Et malgré sa douleur toujours voluptueuse,
Essuie un pleur resté au coin de son œil. 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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