jeudi 1 septembre 2016

Conte: Le trésor du comte Renaldo (Partie II)

CONTE: LE TRÉSOR DU COMTE RENALDO (PARTIE iI)

Conte: Le trésor du comte Renaldo (Partie I) 

II. L’horrible forfait que commit Buccanera, et ce qu’il fit pour avoir le trésor du comte

Le comte Renaldo da Fozzano tomba
Et tous les Sarrasins reprirent le combat,
Brûlèrent les moissons et firent un carnage.
Beaucoup d’enfants devinrent en orphelinage,
La misère régna partout avec la faim,
Et on sentait venir l’inéluctable fin.
Buccanera, l’ami du héros de ce conte,
Voulut aller chercher le trésor du comte.
Mais comment ferait-il ? De seigle il restait peu
Et il ne restait rien à mettre sur le feu.
Il serait descendu dans la fosse commune,
Mais où trouver le cœur d’un enfant ?  L’infortune
Devint plus grande encor quand sa femme accoucha,
Cet enfant le rendit bien triste et le fâcha,
Ne pouvant le nourrir par ces temps de misère.
La famine et la soif furent plus meurtrières,
Il ne restait ni huile, ni farine, ni vin,
On mourait lentement et on priait en vain,
La pauvre famille se mourait sans doute,
Quand le père eut l’idée la plus noire de toutes...
Mais il ne commit pas ce forfait odieux
Car son enfant mourut bientôt grâce à Dieu.
Buccanera prit son fils au cimetière, 
Prétextant l’enterrer et dire une prière.
Le maudit lui ouvrit le sein, et sans remords
Il arracha le cœur fumant de l’enfant mort.
Il regagna par les buissons sa demeure
Et entendit en route, à cette sombre heure,
Le diable ricaner derrière lui, joyeux.
Il dit à sa femme, les pleurs mouillant ses yeux :
« Te reste-t-il un peu de farine de seigle ? »
« Il n’en reste que peu, hélas ! Comme un grand aigle
La faim tombe sur nous. » « C’est bien, va te coucher. »
Son épouse obéit. A tous les yeux caché,
Il alla à l’église et vola un cierge
Qu’on avait allumé pour attendrir la Vierge.
Il alla à la fosse avec son cierge éteint,
Voulut le rallumer, mais le cierge mutin
Ne s’alluma qu’à la septième fois. Blême,
Il remonta, las et n’étant plus lui-même,
Mais bien déterminé à avoir le trésor.
Rentré chez lui, rêvant de diamants et d’or,
Il alluma un feu, fit chauffer l’eau, et pâle,
Se hâta de faire sa cuisine infernale.
Quand son horrible pain fut sous la cendre cuit,
Il s’écria : « Je suis riche ! Enfin ! Cette nuit
Est la dernière nuit où je serai pauvre !
Renaldo, Renaldo ! Béni soit ton cadavre ! » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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