samedi 3 septembre 2016

Conte: Le trésor du comte Renaldo (Partie III)

CONTE: LE TRÉSOR DU COMTE RENALDO (PARTIE IiI)

Conte: Le trésor du comte Renaldo (Partie I) 
Conte: Le trésor du comte Renaldo (Partie II) 

III. Ce qui arriva à Buccanera, quand il se rendit à la grotte du Diable

L’insensé, haletant, las et furieux d’espoir,
A la grotte du Diable où il fait toujours noir
Se rendit, et toucha ses parois, dans les ténèbres,
Avec le pain sanglant aux ingrédients funèbres.
Le Diable se montra. « Pourquoi viens-tu ici ? »
« Le comte Renaldo est mort, et celui-ci
M’a chargé de quérir le trésor que tu gardes. »
« Et sais-tu qu’à mourir ici tu te hasardes ? »
« Mais je me meurs déjà de faim. » « Dis-moi, humain,
Pour que tu puisses entrer : as-tu bien fait mon pain ? »
« Oui, seigneur. » « Entre alors ».  Dans la grotte sombre
Buccanera suivit le Diable, qui dans l’ombre
Dansait et sautillait, comme un homme joyeux,
Tandis que reluisaient ses sinistres yeux.
Ils arrivèrent enfin au bord d’un précipice
Où dormait le trésor, à le cacher propice.
Le Diable demanda : « Alors, mon bon ami,
Dans le pain que tu as fait pour moi qu’as-tu mis ? 
Car si te me trompes, moi qui trompe le monde,
Tu périras dans ce précipice immonde. »
« Je ne vous trompe pas et je n’oserai pas !
Je viens pour le trésor et non pour le trépas :
D’un Sarrasin mort j’y ai mis la cervelle,
Un cierge allumé dans la fosse mortelle
Et le cœur d’un enfant. » Le Diable lui dit : « Bien !
Et c’est le cœur de quel enfant ? » « Hélas, du mien ! »
« Tu dis la vérité et me sembles sincère.
Tu as accompli les conditions nécessaires ;
Descends dans le gouffre, maintenant. » « Mais comment ?
Il n’y a pas d’échelle. » En ce même moment,
Le Diable en fit une. Quand Buccanera fut
Dans le précipice, l’échelle disparut.
Il remplit un grand sac d’or et de toutes sortes
De pierres précieuses hautes comme des portes.
Buccanera, son sac rempli et fort content,
Voulut sortir de cet abîme en remontant.
Mais l’échelle n’était plus là. Le misérable
Se mit à gémir et à pleurer, et le Diable
Qui ricanait, lui dit : « Te laisseras-tu leurrer
Toi qui es si malin ? Mais je te vois pleurer !
Je ne te savais pas à ce point sensible,
Toi qui as pris le coeur de ton enfant, impassible ! »
Buccanera gémit : « Ah ! laissez-moi sortir !
Et je vous offrirai, avant que de partir,
La moitié du trésor. » Le Diable rit de l’offre :
« Tu es bien généreux ! pour sortir de ce gouffre,
Il faut que tu jures, toutefois, mon ami,
De faire tout ce que je veux. » L’autre gémit :
« Oui, oui, je le jure ! ». Satan remit l’échelle,
Buccanera, craignant une ruse mortelle,
Laissa dans le gouffre son sac lourd à porter,
Afin de remonter sans l’impatienter. 
« Maintenant il faut que tu tiennes ta promesse. »
Dit le Diable. « Oui, oui ! Prenez-tout ! Je vous laisse... »
« Cet or, je n’en veux pas , interrompit Satan.
Je veux ton âme ! » « Mon âme ? Non, non ! Attends ! »
Mais le Diable jeta dans le gouffre sombre
Sa victime, parmi les dépouilles sans nombre ;
Sa tête se brisa contre les rocs nombreux.
Ce monstre dort toujours dans l’antre ténébreux,
Et la terre est purgée de ce père infâme
Qui a pétri le cœur de l’enfant de sa femme.

[FIN DU CONTE: LE TRÉSOR DU COMTE RENALDO]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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