dimanche 4 septembre 2016

Conte: La Croix magique (Partie I)

CONTE: la croix magique (partie i)

I. Ce que fit le seigneur Matteo pour sauver sa fiancée, la belle Mariuccia ravie par les Sarrasins

C’était un jour auguste et resté mémorable :
Du seigneur Matteo, guerrier honorable,
Et de la radieuse Mariuccia on venait 
Célébrer les noces dont le faste étonnait.
La parenté, des deux côtés, était nombreuse,
Pour l’amoureux ainsi que pour son amoureuse,
Et aussi pour ne pas fâcher tous les gloutons,
On égorgea une génisse, deux moutons,
Cent perdrix et une douzaine de lièvres.
On parlait, on mangeait, on buvait avec fièvre,
Et les chevaux étaient prêts pour la cavalcade, 
Quand un cri retentit : « Embuscade ! Embuscade !
Les Sarrasins, ils sont ici ! Tous au combat ! »
Dès que la nouvelle épouvantable tomba,
Les conques Colombo et Pellicio se mirent  
A retenir partout, et tous s’affermirent,
Car c’était lâcheté d’ouïr ce retentissement
Et de rester sans armes après l’avertissement.
Les Corses se battirent avec force et courage,
Mais les Sarrasins, eux aussi pleins de rage,
Etaient bien plus nombreux, et ils furent vainqueurs.
Ils coupèrent des têtes, arrachèrent des cœurs,
Dévastèrent les plaines et tuèrent des braves,
Et firent de beaucoup de femmes leurs esclaves.
Ils étaient maintenant arrivés, tout sanglants,
à Viggianello, leur fureur les aveuglant,
Prêts à continuer leur carnage immonde.
La jeune Mariuccia pleurait, seule au monde,
Car ils avaient occis tous ses défenseurs 
Et blessé mortellement son époux et sa sœur. 
Le chef la trouva belle et la prit, éplorée.
Le pauvre Matteo revit son adorée
Quand l’ennemi allait repartir par la mer.
Il mourait sous un arbre et gémissait, amer,
Et même pour tirer son épée fut trop las.
Il cria : « Misérables ! où allez-vous ? Hélas ! 
Pour terrasser ceux qui m’ont ravi ma femme,
Je donnerais volontiers au Diable mon âme ! »
Le Diable en ce moment apparut et lui dit : 
« Dites-vous vrai, seigneur Matteo ? » « Oui, maudit ! 
Pour sauver ma fiancée qui m’a été ravie
Et qui m’est mille fois plus chère que la vie,
Je te donne mon âme et tout ce que tu veux ! »
Le Diable lui plongea la main dans ses cheveux, 
Dit une incantation ténébreuse et sûre,
Et voilà Matteo guéri de ses blessures ;
Il secoua l’arbre dont il tomba, charmé,
Des guerriers généreux qui étaient tous armés.
Bientôt ils furent mille, et ils combattirent
Les Sarrasins éblouis qui jamais ne partirent 
Et furent tous tués. Nul ne resta vivant.
Les guerriers disparurent, et au soir suivant
Les amants voulurent célébrer leurs noces,
Sauvés par le Diable de leurs ennemis féroces.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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