mardi 6 septembre 2016

Conte: La Croix magique (Partie III)

CONTE: LA CROIX MAGIQUE (PARTIE IIi)



III. L’aventure de Mariuccia, cherchant le chemin des enfers

Mariuccia prit la croix, la cacha dans son sein,
Et marcha trente jours sans changer de dessein
Et trente nuits, avec sa marraine fidèle,
Comme de sa fille s’occupant toujours d’elle.
Mariuccia et la fée parvinrent toutes deux
A la lisière d’un bois désert et hideux
Où il n’y avait nulle créature vivante.
Mariuccia fut saisie d’une vague épouvante,
Mais la fée lui dit : « Ma fille, je dois partir.
Sans la croix de ce bois je ne pourrai sortir.
N’oublie pas mes conseils ; va, que Dieu te bénisse
Et que le noir tourment de ton époux finisse. »
Mariuccia s’avança dans la forêt lentement,
Elle tremblait de peur, s’arrêtant subitement
Au moindre bruit suspect qu’elle croyait entendre.
Elle vit un sentier, le seul qu’elle pût prendre,
Et le prit. Nul oiseau ne berçait sa douleur,
Il n’y avait point d’herbe, il n’y avait point de fleurs,
Et pourtant on pouvait entendre mille voix.
Elle marcha encore en touchant sa croix.
Une voix lui dit : « Mon enfant, tu es si belle !
Viens avec nous et ne nous sois pas rebelle,
Loin de ce noir désert, tu verras les roseaux
Ployés sous le vent frais, et les joyeux oiseaux
Qui chantent et qui boivent à de pures fontaines,
Et tu verras aussi, sur notre île lointaine,
Des animaux bien doux et dociles aux humains
Te conduire où tu veux et te lécher la main. »
Elle ne répondit pas et marcha encore.
« Où vas-tu ? Viens avec nous ! Avant l’aurore
Tu seras la reine des fées. » Mais elle allait.
« Viens, tu posséderas un immense palais
Et un carrosse d’or que trente chevaux traînent. »
Un esprit, imitant la voix de sa marraine,
Lui dit : « Mon enfant, n’aie pas peur ! Te secourir
Je viens, sans mon aide tu vas certainement mourir !
Parle-moi. » Mariuccia, sachant leurs stratagèmes,
Resta muette, et elle arriva enfin, blême
De fatigue et de peur, sur les sinistres bords
D’un grand fleuve, celui qui charrie tous les morts.
Que d’hommes et de femmes ! Que d’âmes malheureuses !
Sur le bord du fleuve, des sorcières affreuses
Dansaient leur macabre danse, et aux morts nombreux
Chantaient, avant l’enfer, mille chants ténébreux.
En voyant Mariuccia, elles se transformèrent
En belles et jeunes filles, et ainsi s’alarmèrent :
« Chère enfant, que fais-tu ici, parmi les morts ?
Ils vont tous aux enfers, c’est leur sinistre sort.
Viens danser avec nous, ne sois pas silencieuse ! »
Mais, sans répondre à ces sorcières pernicieuses,
Mariuccia prit sa croix, et elle toucha l’eau,
Et pour qu’elle passât vit s’éloigner les flots.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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