CONTE: LA CROIX MAGIQUE (PARTIE IIi)
III. L’aventure de Mariuccia, cherchant le chemin
des enfers
Mariuccia prit
la croix, la cacha dans son sein,
Et marcha trente
jours sans changer de dessein
Et trente nuits,
avec sa marraine fidèle,
Comme de sa
fille s’occupant toujours d’elle.
Mariuccia et la
fée parvinrent toutes deux
A la lisière d’un
bois désert et hideux
Où il n’y avait
nulle créature vivante.
Mariuccia fut
saisie d’une vague épouvante,
Mais la fée lui
dit : « Ma fille, je dois partir.
Sans la croix de
ce bois je ne pourrai sortir.
N’oublie pas mes
conseils ; va, que Dieu te bénisse
Et que le noir
tourment de ton époux finisse. »
Mariuccia s’avança
dans la forêt lentement,
Elle tremblait
de peur, s’arrêtant subitement
Au moindre bruit
suspect qu’elle croyait entendre.
Elle vit un
sentier, le seul qu’elle pût prendre,
Et le prit. Nul
oiseau ne berçait sa douleur,
Il n’y avait
point d’herbe, il n’y avait point de fleurs,
Et pourtant on
pouvait entendre mille voix.
Elle marcha
encore en touchant sa croix.
Une voix lui dit :
« Mon enfant, tu es si belle !
Viens avec nous et
ne nous sois pas rebelle,
Loin de ce noir
désert, tu verras les roseaux
Ployés sous le
vent frais, et les joyeux oiseaux
Qui chantent et
qui boivent à de pures fontaines,
Et tu verras
aussi, sur notre île lointaine,
Des animaux bien
doux et dociles aux humains
Te conduire où
tu veux et te lécher la main. »
Elle ne répondit
pas et marcha encore.
« Où vas-tu ?
Viens avec nous ! Avant l’aurore
Tu seras la
reine des fées. » Mais elle allait.
« Viens, tu
posséderas un immense palais
Et un carrosse d’or
que trente chevaux traînent. »
Un esprit,
imitant la voix de sa marraine,
Lui dit : « Mon
enfant, n’aie pas peur ! Te secourir
Je viens, sans
mon aide tu vas certainement mourir !
Parle-moi. »
Mariuccia, sachant leurs stratagèmes,
Resta muette, et
elle arriva enfin, blême
De fatigue et de
peur, sur les sinistres bords
D’un grand
fleuve, celui qui charrie tous les morts.
Que d’hommes et
de femmes ! Que d’âmes malheureuses !
Sur le bord du
fleuve, des sorcières affreuses
Dansaient leur
macabre danse, et aux morts nombreux
Chantaient,
avant l’enfer, mille chants ténébreux.
En voyant
Mariuccia, elles se transformèrent
En belles et
jeunes filles, et ainsi s’alarmèrent :
« Chère
enfant, que fais-tu ici, parmi les morts ?
Ils vont tous
aux enfers, c’est leur sinistre sort.
Viens danser
avec nous, ne sois pas silencieuse ! »
Mais, sans
répondre à ces sorcières pernicieuses,
Mariuccia prit
sa croix, et elle toucha l’eau,
Et pour qu’elle
passât vit s’éloigner les flots.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mardi 6 septembre 2016
Conte: La Croix magique (Partie III)
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