lundi 5 septembre 2016

Conte: La Croix magique (Partie II)

CONTE: LA CROIX MAGIQUE (PARTIE Ii)

Conte: La Croix magique (Partie I) 

II. Le Diable n’oublie jamais sa proie : ce que la fée, marraine de Mariuccia, lui conseilla de faire pour sauver son époux

La piève fut en deuil et le resta longtemps.
Seuls Mariuccia et sa fiancée étaient contents,
Mais ils furent obligés, à cause du carnage,
De différer d’un mois entier leur mariage.
Matteo oublia son pacte et son destin.
On prépara, le soir, un deuxième festin,
Et de nouveau toutes les cloches tintèrent.
Les convives vinrent, mais par respect portèrent
Non habits de fête, mais des habits de deuil,
Et la cérémonie ouvrit soudain son œil :
En l’honneur du seigneur et de sa pucelle,
De grands cierges jetaient de vives étincelles,
Tous se levaient pour voir les bienheureux mariés.
Une odeur de souffre dont on fut contrariés
Envahissait lentement la petite église.
Au moment où l’épris au doigt de son éprise
Allait mettre l’anneau, la terre tressaillit,
Les cierges s’éteignirent, et le Diable assaillit 
Matteo, qu’il saisit par les cheveux dans l’ombre
Et qu’il conduisit à son royaume sombre.
Tous étaient stupéfaits et muets de terreur.
Le seigneur Matteo expiait une erreur,
Disaient certains. D’autres qu’il vendit son âme
Au Diable venu le priver de sa femme.
La pauvre Mariuccia perdit le sentiment
Elle faillit mourir dans son noir pâtiment,
Mais à force de soins et de longues prières,
Ses yeux s’ouvrirent enfin à la lumière.
Toutefois la malheureuse eût préféré mourir ;
Sans l’homme qui vivait sa vie pour la chérir
Mariuccia se mourait. Une fée, sa marraine,
Voulut la consoler. Sa douleur inhumaine
Etait, hélas, trop grande, et elle ne le put.
La fée lui dit alors : « Si le pacte est rompu,
Ton époux reviendra. Mais son heure dernière
A déjà sonné, et la seule manière 
De le faire est d’aller le chercher aux enfers.
Si tu es brave, tu pourras briser ses fers. »
« J’irai ! j’irai ! » gémit la pauvre misérable.
« Prends cette croix, alors, et prends garde au Diable !
Elle te sauvera des serres du trépas,
Mais souviens-toi : aux voix tu ne répondras pas
Ou tu mourras. Souviens-t’en bien, ma très chère !
Va trouver ton époux, jamais ne désespère. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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