samedi 27 août 2016

Conte: Le spectre de la fiancée (Partie II)

CONTE: LE SPECTRE DE LA FIANCÉE (PARTIE II)

Conte: Le spectre de la fiancée (Partie I) 

II. Ce que fit le spectre de Mariuccia pour se venger de l’amant infidèle

Carlo, pour consommer sa trahison infâme,
Devint bientôt l’époux de la riche femme
Que son père lui dit d’épouser. Il était 
Fort heureux désormais, et rien ne l’inquiétait, 
Car en plus sa femme était bien charmante,
Et oublia bientôt sa malheureuse amante.
Un soir, les deux époux dormaient, quand, vers minuit,
Une main décharnée les réveilla sans bruit.
Et elle était glacée ! « Qui est là ? » s’écrièrent
Les époux qui virent, l’épouse la première,
Un spectre enveloppé d’un grand linceul blanc.
« C’est moi » dit le spectre. Et Carlo, en tremblant,
Alors qu’il reconnut la voix de la pauvresse,
Nia la connaître. Riant avec ivresse,
Elle ôta son linceul  et elle alla dormir
Au milieu des époux qu’elle faisait frémir
Au contact de ses froids ossements, dans les ténèbres.
Ce fut une chose bien terrible et funèbre !
L’épouse demanda au spectre : « Mais pourquoi
Viens-tu hanter notre lit, fantôme narquois ?
Quitte notre maison, tu nous épouvantes ! »
« Ton époux m’appartient. Quand j’étais vivante,
Il m’avait juré de m’aimer éternellement.
A lui je reviens donc, ce soir, fidèlement,
Je resterai jusqu’à l’heure de l’aurore,
Mais je reviendrai demain soir encore. »
Mariuccia demeura et les épouvanta
Et partit dès que le coq du matin chanta.
Carlo courut voir le curé du village
Qui conseilla à notre amoureux volage 
De bénir le lit. A l’église Carlo prit
De l’eau bénite, et pour chasser tous les esprits
En aspergea bientôt toute la demeure.
Mais ce fut inutile, et à la même heure
Le fantôme revint : « Faites place, j’ai froid. »
L’épouse s’écria alors avec effroi :
« Spectre, spectre, va-t’en, quitte-nous, de grâce ! »
« Non, il faut que je reste ici et que j’embrasse
Celui qui m’a juré un éternel amour. »
Le spectre s’en alla dès le lever du jour
Et la nuit suivante, vint comme d’habitude :
« Rien ne m’est plus cruel que la solitude,
J’ai froid, je veux rester auprès de mon époux. »
Et Mariuccia, pleine d’amour et de courroux
Etreignit son amant, restée opiniâtre,
Jusqu’à ce que son cœur s’arrêtât de battre.
Dans le même tombeau on les ensevelit,
Et Mariuccia ne vint plus dormir dans le lit.   

[FIN DU CONTE: LE SPECTRE DE LA FIANCÉE]  


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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