dimanche 10 juillet 2016

Conte: Les trois amoureux de Paulina (Partie I)

CONTE: les trois amoureux de paulina (partie i)

I. Ce que Paulina fit faire à ses trois amoureux

Trois amis s’aimaient d’une amitié éternelle
Et leurs trois âmes étaient tellement fraternelles
Qu’ils se seraient l’un pour l’autre sacrifiés.
Mais le secret qu’ils ne s’étaient jamais confiés
Etait qu’ils aimaient tous les trois la même femme,
Qui s’appelait Paulina. Quand il naît dans les âmes,
L’amour fait oublier tout ce qui n’est pas lui.
Francesco, Petro et Carlo, la même nuit,
Ecrivirent tous les trois une lettre à la belle
Qui ne les aimait pas et leur était rebelle :
Au premier elle dit de venir à minuit
A l’heure des sceptres où plus rien ne reluit
Et de se mettre, pour elle, dans une bière,
Caché des mortels et de la lumière,
Au milieu de l’église ; au second de porter
Des habits blancs et au cimetière quitté
Le cercueil ; au dernier, l’oreille attentive,
D’écouter, pour qu’elle devînt sa captive,
Tout ce qui se passerait dans le confessionnal.
Chacun, mû par l’amour de ce front virginal,
Se hâta donc d’aller faire sa besogne.
Petro, en tremblant, pour plaire à sa compagne
Se mit dans le cercueil, attendant qu’elle vînt.
Carlo, vêtu de blanc comme un ange divin
Et le front en sueur, pour la beauté altière
Tentait de porter son cercueil au cimetière,
Quand Francesco parut, qui poussa un grand cri
Epouvanté de voir quelqu’un qui a péri
Porter sur son épaule ainsi une bière.
Or le prétendu mort se leva ; les trois hères
Se regardèrent, tous stupéfaits de se voir,
Et se prenant pour les revenants du même soir,
Perdirent la tête, contre l’ombre luttèrent,
Et contre les chaises et les bancs buttèrent,
Tombèrent et se relevèrent avec un sombre bruit.
De l’autre épouvanté et de la grande nuit,
Chacun fuyait, cherchant la porte de l’église,
Oubliant Paulina, de nul des trois éprise.
Ils allèrent coucher dans leurs lits, apeurés,
Et chacun y voulait jusqu’au soir demeurer
Terrifiés et s’appelant, pris tous les trois de fièvre
Et ne sachant ce qui sortait de leurs lèvres.
Ils se remirent enfin, mais restèrent fâchés
L’un de l’autre, car leurs secrets restaient cachés.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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