CONTE: LA FEMME CURIEUSE (PARTIE iI)
II. Ce que l’ami de Buzetto lui conseilla de faire, et ce que fit la femme curieuse
Ne sachant que faire pour assagir sa
femme,
Buzetto alla voir, les soupirs dans
l’âme,
Son voisin qui était dès longtemps son
ami,
Lui demanda conseil et maintes fois
gémit.
« N’est-ce donc que cela ?
répondit le compère,
Il ne faut pas, mon cher, que tu
désespères !
Ne laisse à ta femme rien pour se
couvrir,
Verrouille ta porte, prive-la de
l’ouvrir
Et pense à enlever aussi pour la
soumettre
Les draps du lit et les rideaux des
fenêtres.
Cela la domptera et va la chagriner
Et la forcera à préparer à dîner. »
Buzetto dit à sa femme : « Je
verrouille
La porte, et tu feras pour ce soir des
nouilles. »
Et ôta ses vêtements, les draps et les
rideaux.
Résignée, cette fois, à porter son
fardeau,
Marianne commença à préparer la pâte.
Elle en fit de grandes feuilles, et à la
hâte,
Les laissa se sécher. Soudain, pour son
malheur,
Elle entendit crier, de loin, au voleur.
Elle courut, voulant sortir, à la porte,
Mais elle était fermée. De plus, nue de
la sorte,
Comment sortir ? Alors – ne soyez
pas surpris –
Une idée bien folle lui traversa
l’esprit :
Elle se couvrit de ses feuilles de
nouille
Et, aussi hideuse qu’une énorme
grenouille,
Lia le tout, trouva une corde et
descendit
Et à l’endroit où l’on criait se rendit.
Point de voleur, mais de jeunes gens qui
jouaient
A Quina,
et criant, dont les voix s’enrouaient.
Surpris de voir Marianne et son
accoutrement,
Comme ils étaient ivres, pour leur
amusement,
Ils le lui enlevèrent ; et la
pauvre curieuse
Commença à crier, de l’outrage furieuse.
Tout le village vint la voir, et en
déduit
Que Buzetto était chanceux. Tout la
poursuit,
Et elle court jusqu’à sa maison, proie
blême.
Quand son mari revint manger le soir
même,
Il lui demanda : « Où
sont les nouilles ? » « Ah, chéri !
S’écria Marianne, j’en ai presque péri !
J’ai entendu crier et cherchait la
porte,
Et je suis sortie, de tes nouilles
couverte... »
Buzetto s’écria à son tour : « Quoi !
Comment ?
Tu vas voir ce que je vais faire en un
moment ! »
Et il rossa sa femme et la ramena à son
père.
« Je n’en veux plus, lui dit-il, et
je désespère
De la voir guérie de sa curiosité.
Et de plus tout le monde a vu sa nudité. »
Marianne n’en guérit jamais, mais la
commère,
De se sentir libre n’était point amère.
[FIN DU CONTE: LA FEMME CURIEUSE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
samedi 16 juillet 2016
Conte: La femme curieuse (Partie II)
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