samedi 16 juillet 2016

Conte: La femme curieuse (Partie II)

CONTE: LA FEMME CURIEUSE (PARTIE iI)


II. Ce que l’ami de Buzetto lui conseilla de faire, et ce que fit la femme curieuse

Ne sachant que faire pour assagir sa femme,
Buzetto alla voir, les soupirs dans l’âme,
Son voisin qui était dès longtemps son ami,
Lui demanda conseil et maintes fois gémit.
« N’est-ce donc que cela ? répondit le compère,
Il ne faut pas, mon cher, que tu désespères !
Ne laisse à ta femme rien pour se couvrir,
Verrouille ta porte, prive-la de l’ouvrir
Et pense à enlever aussi pour la soumettre
Les draps du lit et les rideaux des fenêtres.
Cela la domptera et va la chagriner
Et la forcera à préparer à dîner. »
Buzetto dit à sa femme : « Je verrouille
La porte, et tu feras pour ce soir des nouilles. »
Et ôta ses vêtements, les draps et les rideaux.
Résignée, cette fois, à porter son fardeau,
Marianne commença à préparer la pâte.
Elle en fit de grandes feuilles, et à la hâte,
Les laissa se sécher. Soudain, pour son malheur,
Elle entendit crier, de loin, au voleur.
Elle courut, voulant sortir, à la porte,
Mais elle était fermée. De plus, nue de la sorte,
Comment sortir ? Alors – ne soyez pas surpris –
Une idée bien folle lui traversa l’esprit :
Elle se couvrit de ses feuilles de nouille
Et, aussi hideuse qu’une énorme grenouille,
Lia le tout, trouva une corde et descendit
Et à l’endroit où l’on criait se rendit.
Point de voleur, mais de jeunes gens qui jouaient
A Quina, et criant, dont les voix s’enrouaient.
Surpris de voir Marianne et son accoutrement,
Comme ils étaient ivres, pour leur amusement,
Ils le lui enlevèrent ; et la pauvre curieuse
Commença à crier, de l’outrage furieuse.
Tout le village vint la voir, et en déduit
Que Buzetto était chanceux. Tout la poursuit,
Et elle court jusqu’à sa maison, proie blême.
Quand son mari revint manger le soir même,
Il lui demanda : « Où sont les nouilles ? » « Ah, chéri !
S’écria Marianne, j’en ai presque péri !
J’ai entendu crier et cherchait la porte,
Et je suis sortie, de tes nouilles couverte... »
Buzetto s’écria à son tour : « Quoi ! Comment ?
Tu vas voir ce que je vais faire en un moment ! »
Et il rossa sa femme et la ramena à son père.
« Je n’en veux plus, lui dit-il, et je désespère
De la voir guérie de sa curiosité. 
Et de plus tout le monde a vu sa nudité. »
Marianne n’en guérit jamais, mais la commère,
De se sentir libre n’était point amère.

[FIN DU CONTE: LA FEMME CURIEUSE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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