CONTE: la femme curieuse (partie i)
I. Ce que Marianne fit au lieu de faire la soupe de
Buzetto, son mari
Marianne, une
jeune fille point couarde,
Etait des femmes
de Piève la plus bavarde
Et de plus – ce qui
fit plus tard tout son malheur –
La plus curieuse
pour les choses sans valeur.
La nuit de ses
noces, comme une ménade,
Pour savoir
combien lui chantaient la sérénade,
Elle se réveilla
tout à coup follement,
Ouvrit la
fenêtre et souriait triomphalement.
Son mari,
Buzetto, lui dit un jour : « Femme,
« Je sors
pour travailler, et je veux, mon âme,
Que tu fasses
pour moi de la soupe. » « Amour,
Ta soupe sera
bonne et prête à ton retour. »
Le mari partit,
donc. Sa femme diabolique
Entendit disputer
à la place publique.
« Ah !
qui crie ? je crois que c’est la Piedigialla ! »
Et Marianne à l’endroit
de la dispute alla,
Ne voulant
perdre aucun mot de la querelle.
Buzetto arriva,
à midi. « Ma belle,
La soupe
est-elle prête ? » « Elle sera sous peu !
Je n’ai pas eu
le temps pour allumer le feu.
Piedigialla et
sa hargneuse rivale
Se sont prises
aux cheveux et étaient bien pâles ;
Murichetta a
dit... » « Mais je m’en moque bien !
S’écria Buzetto ;
cela ne me fait rien !
Où est donc la
soupe ? » « Elle sera faite !
Pardon, bon
Buzetto, que je suis bête !
Tiens-le-toi
pour certain : tu en auras ce soir. »
« Tu es
négligente, mais c’est ce qu’on va voir ! »
Et il s’en alla
en colère, le bonhomme.
Alors que
Marianne épluchait ses pommes
De terre, elle
entendit tout à coup un grand bruit
De clairons, de
tambours et de flûtes. Elle fuit
Sa cuisine donc,
et oubliant la soupe,
Elle court, la
folle ! pour voir la troupe.
La musique lui
plut si bien qu’elle resta
Fort longtemps.
Son mari appela, insista,
Mais elle n’était
pas encore chez elle.
La devinant pleine
de son curieux zèle,
Il l’attendit,
furieux. Elle revint enfin.
« D’où
viens-tu ? S’écria-t-il ; je suis las, j’ai faim... »
« Ah, mon
bon Buzetto ! interrompit-elle,
Comme la
musique, ce soir, était belle !
Cela par une
marche a d’abord commencé
Qui aurait fait
danser les pierres, et... ». Offensé,
« C’est toi
que je ferai danser, femme étourdie !
S’écria le mari.
Ah tu es bien hardie
De me laisser
ainsi, affamé tout le jour ! »
Marianne alors
promit, en l’appelant son amour,
A Buzetto de ne
plus être curieuse.
Mais elle ne
tint point cette promesse pieuse,
Sortit et oublia
la soupe du mari
Qui était bien
furieux et le cœur bien marri.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
vendredi 15 juillet 2016
Conte: La femme curieuse (Partie I)
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