CONTE: IL FAUT MOURIR (PARTIE II)
II. Le pays que trouva Grantesta, et pour quelle
raison il crut bon de le quitter
Voilà donc
Grantesta, le cœur empli d’émois
Et courant le
monde des semaines et des mois,
Fuyant un ennemi
invisible et sombre
Et tressaillant
de voir, sous lui, sa propre ombre.
Il s’arrêta
enfin, plein d’un sinistre effroi,
Entouré de hauts
monts, dans un étrange endroit
Où il y avait
écrit, en lettres de flamme :
« Ici, on
ne meurt pas ». La joie dans l’âme,
Grantesta s’écria : « Je
serai immortel !
Voilà le pays où
rien ne meurt sous le ciel ! »
En admirant la
terre et ses herbes vertes
Ainsi que les
mille fleurs à l’aurore ouverte.
Les jours, les
mois passaient, prestes comme le vent,
De ne jamais
mourir notre savant rêvant.
Un matin,
cependant, grondant sur sa tête,
Le voici
réveillé par une tempête
Qui tordait les
arbres, grands pourtant et verts,
Et qui semblait
ployer tout le vaste univers ;
Les nuées
noircissaient le ciel, clair d’habitude,
Mille bruits
profanaient la douce solitude,
Quand tout à
coup le vent cessa, et le ciel clair
Devint empli d’oiseaux
aux chants emplissant l’air ;
Le printemps
éternel revint dans la vallée,
Ainsi que la
brise qui s’en était allée.
Grantesta
demeura surpris de ce changement,
Lorsque soudain
il vit, s’avançant étrangement,
Un monstre
rapide et hideux aux larges ailes,
Tenant dans ses
griffes un cadavre avec zèle
Dont les chairs palpitaient
et qui était fumant,
Laissant tomber
son faix comme lui alarmant
Et prenant dans
son bec un petit grain de sable
Avant qu’il ne
quittât l’endroit impérissable.
Etonné,
Grantesta se dit à haute voix :
« Que fait
ce monstre ici, et qu’est-ce que je vois ?
A quoi lui sert
ce grain de sable invisible ? »
Un rocher
répondit : « Rien n’est invincible,
Et tout est à la
mort promis et l’affliction.
Il vient
accomplir son œuvre de destruction
Et prendre un
grain de sable à ces hautes montagnes.
Mais la mort ne
viendra que quand en campagne
Elles seront
réduites en des siècles pesants. »
« Quoi !
la mort va venir ! Ce soleil reluisant,
S’écria
Grantesta, et cette douce aurore
Etaient donc
mensongers ! il faut partir encore ! »
« Reste,
dit le rocher. La mort ne va venir
Que dans
plusieurs millions d’années. » « Tout va finir !
Cela ne suffit
pas, et il faut que je parte !
Dans des
millions d’années ou dans deux, qu’importe ?
La mort viendra un
jour, inéluctablement !
Partons d’ici. »,
dit-il avec un tremblement.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
lundi 16 mai 2016
Conte: Il faut mourir (Partie II)
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