CONTE: COMMENT ANDRÉ COUPA LE NEZ DU CURÉ (PARTIE VIII)
VIII. Comment André se vengea du méchant curé
Le lendemain André, au lever du soleil,
Se leva lui aussi de son juste sommeil.
« Ah ! monsieur le curé,
j’ai fait un rêve étrange !
Comme d’un oranger de pesantes oranges,
Des cailloux me tombaient lourdement sur
le sein
Alors que je dormais du doux sommeil des
saints. »
« Tu es toujours vivant ! Je
ne puis le croire ! »
S’écria le curé à l’âme noire.
« Vivant et bien portant !
Cela vous fâche-t-il ? »
« Non, cela est fort bien !
Comme dans un courtil !
Mais quand vas-tu partir ? Grâce, ô
mon dieu, grâce ! »
« Et pourquoi partir ? Rien
ici ne m’embarrasse,
Je suis fort bien chez vous et m’amuse
beaucoup.
Pour que je parte, il faut d’abord que
le coucou
Chante sur le poirier que vous voyez en
face.
C’est ce qu’il faut faire pour que je le
fasse. »
Et le curé alla dire à sa mère : « Il
faut
Que sur notre poirier vous jouiez sans
défaut
L’air que joue le coucou, ou votre fils,
mère,
Ne vivra qu’une vie pauvre et éphémère ! »
« Je le ferai pour toi, fils.
Rosse-le de coups,
Ce valet de malheur ! » « Coucou,
coucou, coucou ! »
« André, André, l’entends-tu ?
Il te faut partir
Et de cette maison rapidement sortir. »
« Oui, mais je dois avant aller à
la chasse.
N’êtes-vous point content ? Votre
âme est-elle lasse ? »
« Non, non, je suis content ! » « Donnez-moi
dans ce cas,
Que je ne dise point que vous ne l’êtes
pas,
Que vous n’êtes point mou ou avez le cœur
lâche,
Et que quelque chose à mon insu vous
fâche,
Votre fusil. » « Tu vas partir
de ma maison ? »
« Oui, monsieur ». Content à
en perdre la raison,
Le curé lui donna son fusil, bien
preste.
Une heure après, voilà la voix qu’il
déteste :
« Mon bon curé ! mon bon curé !
mon bon curé ! »
« Que veux-tu encore ? » « J’ai
été bien leurré !
J’ai tiré sur votre mère vénérable. »
« Tu l’as tuée, alors ? Qu’as-tu
fait, misérable ? »
« Je l’ai prise pour un coucou sur
le poirier,
Et cela, monsieur, a l’air de vous
contrarier.
N’êtes-vous point content ? » « Et
comment puis-je l’être ?
S’écria le curé ; tu vas mourir,
traître !
Je ne suis point content et tu seras
pendu ! »
« Bien, répondit André, impassible ;
entendu.
Mais moi, je dois d’abord vous couper
les oreilles. »
André les lui coupa, bien grosses et
vermeilles,
Et le chassa de sa demeure sans pitié
En le châtiant avec la même inimitié
Qu’il montra, avant lui, à ses
malheureux frères
Qui le croyaient d’aller le braver
téméraire.
André revint enfin à son village ;
un an
S’était écoulé. A ses frères, s’étonnant
De le voir, il conta toute son aventure.
Ils prirent tous les trois leurs rapides
montures
Et allèrent vivre à la maison du curé,
Et vécurent heureux, sans nul malheur
enduré.
[FIN DU CONTE: COMMENT ANDRÉ COUPA LE NEZ DU CURÉ]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 10 avril 2016
Conte: Comment André coupa le nez du curé (Partie VIII)
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