CONTE: POVERELLO (PARTIE V)
V. D’autres malheurs frappant Poverello en route
Voyageant, le pauvre hère vit en route,
Chose qu’il ne crut point hasardeuse
sans doute,
Un homme et sa mule dans les serres d’airain,
Ne pouvant s’avancer, d’un bien fangeux
terrain.
« Aidez-moi, je vous prie ! Ou
ma pauvre monture
Ne sera bientôt qu’une horrible
pourriture. »
Le coeur ennemi de la prudence et la
langueur,
Poverello l’aida avec tant de vigueur
Qu’en tirant par la queue la mule
prisonnière
Elle fut arrachée à cette dernière.
« Malheureux ! s’écria son
furieux conducteur,
Tu me le paieras ! Le juge sera
lecteur
De ton arrêt de mort désormais certaine ! »
Et il lui demanda d’une voix hautaine :
« Comment t’appelles-tu ? »
« Poverello, monsieur. »
« Eh bien ! Poverello, va,
petit malicieux,
Nous nous retrouverons à Bastia devant
le juge.
Tu ne peux te cacher et tu n’as nul
refuge !
Ma mule, qui portait jadis tous mes
fardeaux,
M’a coûté deux cents francs. T’en
ferai-je cadeau ?
Non, parbleu ! Tu auras ce que tu mérites !
Va-t’en de devant moi, disparais, tu m’irrites ! »
Poverello était empli de désespoir
Et comme la sombre nuit son coeur était
noir :
« Hélas ! se lamentait-il, las
des vents contraires,
Par l’hôtelier, cet homme et même mon
frère,
De crimes que je n’ai point commis
accusé,
Je vois que le sort de moi s’est bien
amusé !
Mon frère d’accuse d’être un voleur
infâme,
L’hôtelier d’avoir fait avorter ma
femme,
Cet homme d’estropier, cruel, son animal !
Et pourtant, innocent, je n’ai rien fait
de mal !
Ce qui m’attend, c’est la prison
perpétuelle,
Et je trouve la mort beaucoup moins
cruelle ;
Allons, il faut mourir. Seigneur, ayez
pitié !
Pourvu que je ne sois pas en enfer
châtié.
Mais c’en est assez. Il faut que je
trépasse. »
Et du haut d’un rocher se jeta dans l’espace.
Malheureusement pour lui, des moines
étaient en bas
Se promenant ; sur le bras de l’un
d’eux il tomba
Et il le lui cassa sans égratignure.
Voilà donc le moine blessé qui jure
De se venger, comme ses confrères
furieux.
Après lui avoir dit maints propos
injurieux
Les moines se calmèrent et firent la
promesse
D’aller tous à Bastia à la prochaine
messe
Pour faire condamner le pauvre voyageur
Qui les quitta bientôt, à ses malheurs songeur.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
vendredi 16 octobre 2015
Conte: Poverello (Partie V)
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