samedi 1 août 2015

Conte: L'Ustaria di i figli di u Diauli (L’Auberge des fils du Diable) (Partie II)

CONTE: L'USTARIA DI I FIGLI DI U DIAULI (PARTIE iI)


II. Ce qui arriva aux deux fils de la bonne mère, et ce que la sainte Vierge conseilla à son cadet

L’aîné, après avoir peu de temps hésité,
Prit le maudit chemin de la Curiosité
Qui lui sembla plus beau que les autres et large.
Il arriva à la porte de l’Auberge,
La seule que dans son chemin il rencontra,
Et comme il était las et avait faim entra.
Mais lorsqu’il vit les deux monstrueuses figures,
Il frissonna d’abord de ce mauvais augure,
Puis comme on ne montrait aucune inimitié,
Son cœur se souleva et il fut pris de pitié
Et s’écria : « Ah ! quels malheureux vous êtes !
Quelle est la maladie qui ronge vos têtes
Et vous mutile ainsi ? Je plains vos sombres maux ! »
A peine l’aîné avait-il prononcé ces mots
Qu’il fut rossé de coups. On jeta son cadavre,
Sans qu’un autre mot ne sortît de ses lèvres,
Dans un noir souterrain fétide et ténébreux
Où il y avait des os d’aventuriers nombreux.
La mère du pauvre voyageur téméraire
Dit, peu de temps après, à son deuxième frère :
« Pars pour faire fortune et prends tes quinze francs. »
Et elle frissonna en les lui offrant.
Le deuxième frère partit, et comme l’autre
Par les fils du Diable se fit tuer et battre.
La mère dit alors au cadet de partir
Et du mortel danger ne pouvait l’avertir.
Il rencontra sur son chemin la bonne Vierge
Déguisée en belle dame, loin de l’auberge.
Elle lui demanda : « Où vas-tu, mon petit ? »
Et Antonarello, qui pour elle sentit
De l’amour ainsi que du respect, de répondre :
« Chercher fortune. » « La route va te confondre,
Ajouta la Vierge, et inexpérimenté,
Par tous ses caprices tu seras tourmenté. »
« Madame, que faut-il alors que je fasse ? »
« Pour que tu puisses à tous les hasards faire face,
Il te faut m’acheter trois conseils valeureux
Avec tes quinze francs, et tu seras heureux. »
« Je vous les achète ! Vous semblez me connaître,
S’écria le garçon, et m’avoir vu naître ! »
« Le plus précieux conseil dont tu puisses être instruit
Est : ne te mêle pas des affaires d’autrui. »
« Et le deuxième ? » « Sois prudent à toute épreuve,
Ne change pas la vieille route pour la neuve. »
« Quel est le troisième ? Je le veux savoir ! »
« Demeure aveugle et sourd, c’est ton sacré devoir. »
Et Antonarello remercia la sainte
Et il lui donna ses quinze francs sans feintes.
Pourtant quelle ne fut sa surprise au chemin
Lorsqu’il trouva, dans sa poche mettant la main,
Trois fois l’argent qu’il donna à sa conseillère.
« C’est un miracle et Dieu entend mes prières. »
Pensa-t-il. Sans savoir où fortune chercher,
Il continua, tout joyeux, à marcher. 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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