CONTE: LE PETIT TEIGNEUX (PARTIE II)
II. Le prodige qu’accomplit le petit teigneux, et ce
que lui fit la méchante châtelaine
Le seigneur du château, deux jours
passés, tomba
Malade, et à son mal bientôt il
succomba.
Ce malheur qui frappa soudain la
châtelaine
Rendit son âme sombre et de tristesse
pleine
Et la désespéra, ne voulant plus songer,
Constamment éplorée, à boire ou à
manger.
Notre petit teigneux dont l’âme est si
bonne
Lui dit : « Ne pleurez
plus, car je peux, patronne,
Ressusciter maintenant votre défunt
mari,
Votre cœur de sa mort ne sera plus
marri. »
« Le ressusciter ? Mais
comment vas-tu le faire ? »
« Pour vous mentir je ne suis point
téméraire,
Je possède une clef qui fait ce que je
veux. »
« Eh bien ! j’espère que tu n’es
pas un verveux
Qui croit ressusciter les morts. Si tu
me railles,
Je vais te châtier comme la bélîtraille,
Et on te chassera d’ici comme un vilain. »
Il toucha le mort et dit : « Monsieur
le châtelain,
Ressuscitez. » Comme les petits qui
dorment,
Et alors que de son trépas on s’alarme,
Devant les yeux éblouis autant qu’épouvantés,
Retrouvant sa vigueur et en bonne santé,
Voilà qu’il se lève, calme, et qu’il
regarde,
Etonné de cette compagnie pleurarde.
Désirant posséder la clef aux grands
pouvoirs,
La châtelaine appela petit teigneux, le
soir,
Et lui dit : « Grâce à
toi et à ta clef charmée
Je ne suis plus, teigneux, comme avant
alarmée.
Vends-la-moi. » « Non, jamais. »
« Tu auras mille écus,
Dans la misère tu as fort longtemps vécu
Et tu vas t’enrichir pendant toute ta
vie. »
« Ma clef ne me sera pas, madame,
ravie,
Fût-ce pour tout l’argent qu’il y a dans
l’univers.
Bayard me l’a donnée, et je serais
pervers
De vendre ce présent, même pour l’or du
monde. »
« Tu me désobéis ? Petit
garçon immonde !
Vends-la-moi, ou tu ne verras plus l’horizon,
Et jusqu’à ta mort tu resteras en prison. »
« Jamais je ne vendrai chose si
précieuse. »
La femme du seigneur, de ce refus
furieuse,
Appela ses valets et dit : « Le
petit teigneux
M’a insultée ; jetez ce fripon
dédaigneux
Dans un puits bien profond, qui sera sa
demeure
Et qu’il ne quittera point jusqu’à ce qu’il
meure. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
samedi 25 juillet 2015
Conte: Le petit teigneux (Partie II)
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