samedi 25 juillet 2015

Conte: Le petit teigneux (Partie II)

CONTE: LE PETIT TEIGNEUX (PARTIE II)


II. Le prodige qu’accomplit le petit teigneux, et ce que lui fit la méchante châtelaine

Le seigneur du château, deux jours passés, tomba
Malade, et à son mal bientôt il succomba.
Ce malheur qui frappa soudain la châtelaine
Rendit son âme sombre et de tristesse pleine
Et la désespéra, ne voulant plus songer,
Constamment éplorée, à boire ou à manger.
Notre petit teigneux dont l’âme est si bonne
Lui dit : « Ne pleurez plus, car je peux, patronne,
Ressusciter maintenant votre défunt mari,
Votre cœur de sa mort ne sera plus marri. »
« Le ressusciter ? Mais comment vas-tu le faire ? »
« Pour vous mentir je ne suis point téméraire,
Je possède une clef qui fait ce que je veux. »
« Eh bien ! j’espère que tu n’es pas un verveux
Qui croit ressusciter les morts. Si tu me railles,
Je vais te châtier comme la bélîtraille,
Et on te chassera d’ici comme un vilain. »
Il toucha le mort et dit : « Monsieur le châtelain,
Ressuscitez. » Comme les petits qui dorment,
Et alors que de son trépas on s’alarme,
Devant les yeux éblouis autant qu’épouvantés,
Retrouvant sa vigueur et en bonne santé,
Voilà qu’il se lève, calme, et qu’il regarde,
Etonné de cette compagnie pleurarde.
Désirant posséder la clef aux grands pouvoirs,
La châtelaine appela petit teigneux, le soir,
Et lui dit : « Grâce à toi et à ta clef charmée
Je ne suis plus, teigneux, comme avant alarmée.
Vends-la-moi. » « Non, jamais. » « Tu auras mille écus,
Dans la misère tu as fort longtemps vécu
Et tu vas t’enrichir pendant toute ta vie. »
« Ma clef ne me sera pas, madame, ravie,
Fût-ce pour tout l’argent qu’il y a dans l’univers.
Bayard me l’a donnée, et je serais pervers
De vendre ce présent, même pour l’or du monde. »
« Tu me désobéis ? Petit garçon immonde !
Vends-la-moi, ou tu ne verras plus l’horizon,
Et jusqu’à ta mort tu resteras en prison. »
« Jamais je ne vendrai chose si précieuse. »
La femme du seigneur, de ce refus furieuse,
Appela ses valets et dit : « Le petit teigneux
M’a insultée ; jetez ce fripon dédaigneux
Dans un puits bien profond, qui sera sa demeure
Et qu’il ne quittera point jusqu’à ce qu’il meure. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: