mardi 21 juillet 2015

Conte: Ditu Migniulellu (Petit Doigt) (Partie IX)

CONTE: DITU MIGNIULELLU (PETIT DOIGT) (PARTIE ix)


IX. Ce que Ditu Migniulellu promit au prince désespéré après son retour du dernier jour du bal

Le prince vint à la rencontre de sa belle
Et il lui dit : « Pourquoi m’êtes-vous rebelle ?
Pourquoi m’avoir trompé ? Pourquoi m’avez-vous fui ?
Pourquoi emplir mon cœur qui vous aime d’ennui ?
Vous avez bien tardé ; je vous ai attendue,
Et en vous revoyant mon âme m’est rendue !
Quel est votre pays ? Je meurs de le savoir. »
« Je suis du royaume de Cravache. » « M’avoir
Trompé deux fois remplit mon esprit de doute,
Mais de votre pays je trouverai la route,
Et il n’y a rien ici-bas qui...mais quel bonheur !
De porter mon anneau vous me faites l’honneur !
Je vois que vous n’avez point oublié ce gage,
Ah ! merci ! excusez mon sombre langage ! »
Ditu Migniulellu et le prince amoureux
Devisèrent une heure, et son esprit savoureux
Plut tant au prince qu’il fut plus épris d’elle.
Mais elle disparut, volage et fidèle ;
Nul ne comprit comment elle se délogea,
On la chercha partout, et on interrogea
Tous les gardes tremblants qui étaient aux portes,
Mais tout fut vain, hélas ! Trahi de la sorte,
Le fils du roi promit de bien récompenser,
Résolu à tout, s’il le fallait, dépenser,
Celui qui l’aiderait à trouver le royaume
De sa belle princesse, et que Cravache on nomme.
On chercha, on alla, on vint, on s’informa,
On compulsa plusieurs jours et on s’alarma,
Mais nul ne connaissait, chose extraordinaire,
Le nom obscur de ce royaume imaginaire.
« Ô Seigneur ! J’ai perdu ma reine que j’aimais ! 
Cria le prince, plus malheureux que jamais,
Si je ne la trouve pas, il faut que je meure ! »
Et tomba malade en gagnant sa demeure.
Il refusait de boire et de manger, miné
Par son mal et à la trouver déterminé.
Ditu Migniulellu vint, compatissante,
Ne trouvant point cette vengeance réjouissante
Et sachant ce qui est arrivé au château :
« Laissez-moi, dit-elle au prince, faire un gâteau ;
De le manger veuillez d’abord me promettre,
Et je vous assure qu’il va vous permettre
De trouver celle que vous cherchez vainement. »
« Sors d’ici ! s’écria le prince hautainement.
Crois-tu savoir ce que nul ne peut connaître ? »
« Si vous ne la trouvez pas, châtiez-moi, maître.
Mangez mon gâteau et vous serez satisfait. »
« Eh bien ! dit le prince qui était stupéfait,
Je le ferai, mais si de moi tu te moques,
Je te ferai tuer sans nulle équivoque. »
Elle demande de la farine et de l’eau
Et en confectionna un délicieux gâteau
Qu’elle fit cuire sous la cendre avec hâte
En mélangeant l’anneau du prince à la pâte.
Ditu Migniulellu, son ouvrage achevé,
Envoya le gâteau, qui lui fut arrivé,
Au prince son époux par une servante,
Et attendit dans sa chambre sans épouvante.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: