samedi 18 juillet 2015

Conte: Ditu Migniulellu (Petit Doigt) (Partie VI)

CONTE: DITU MIGNIULELLU (PETIT DOIGT) (PARTIE Vi)


VI. Ce que fit le prince après le bal

Le fils du roi chercha la belle étrangère
Qui avait fui, pareille à la brise légère,
Sans qu’elle ne daignât, avant que de partir,
Saluer son hôte surpris ou l’avertir.
Nul ne la vit pourtant partir, éphémère,
Et l’âme du prince en était fort amère.
Ditu Migniulellu à sa chambre courut,
Et avant le retour de son mari bourru
Se déshabilla et se mit au lit, sereine,
S’y cachant comme dans le sillon la graine.
Sans lui parler de sa sombre infidélité,
Elle lui dit avec convivialité
A son arrivée : « Mon prince, cette soirée
Que vous avez avec tant de soins préparée
A-t-elle été bonne comme l’espérez ? »
Et le prince, sombre, de lui vociférer :
« Va-t’en et laisse-moi ! » « Etes-vous en colère ?
Excusez-moi, noble sire, de vous déplaire.
Qu’est-ce qui vous chagrine et qu’est-il arrivé ? »
« Laisse-moi, je te dis. » « Ah ! vous avez privé
Votre femme du bal et de le décrire !
Que vous êtes méchant ! Pour vous voir sourire
Je donnerais ma vie, et vous me repoussez ! »
« Arrête, bavarde, d’ainsi me courroucer ! 
Je ne te dirai rien, tais-toi tout de suite ! »
« Je suis votre épouse et je veux être instruite
De votre mal, car vous me paraissez bien las.
Pourquoi me cachez-vous votre douleur ? Hélas !
Je vous aime pourtant, prince, et mon cœur pleure... »
« Si tu ne te tais pas, je t’étrangle sur l’heure !
Cria le prince, et au lieu de me demander
De te parler, va tous les livres commander
Que je puisse savoir grâce à leur science
Où est le royaume de Bride. » La patience
N’étant point du prince la douce qualité,
Ditu Migniulellu avec célérité
Réveilla la reine et elle revint la suivre
Comme voulait son fils appesantie de livre.
« Mère, lui demanda-t-il, vous devez savoir
Où est le pays de Bride. » « Je n’ai pu voir
Nul de ses seigneurs, et ce royaume m’étonne
Car je ne connais point le nom qu’on lui donne. »
Répondit la mère, et son fils amoureux
Chercha dans les livres et n’en fut pas plus heureux.
Le lendemain, toutes les préparations faites,
Le fils du roi voulait retourner à la fête,
Espérant parler à la dame et la revoir,
Lui plaire et bien faire son courtois devoir.
Ditu Migniulellu vint comme d’habitude
Prier et se plaindre de sa solitude :
« Seigneur, je vous supplie de m’emmener au bal ! »
Et elle monta sur l’étrier du cheval.
Mais le fils du roi, pour châtier son insolence,
La repoussa avec tellement de violence
Qu’il l’envoya rouler par terre. Avec douleur
Elle se releva et revint chez elle en pleurs.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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