vendredi 17 juillet 2015

Conte: Ditu Migniulellu (Petit Doigt) (Partie V)

CONTE: DITU MIGNIULELLU (PETIT DOIGT) (PARTIE V)


V. Comment la bonne fée qui ne donna rien à Ditu Migniulellu à sa naissance l’aida à aller au bal

Ditu Migniulellu, repoussée vertement,
Alla dans sa chambre et pleurait tristement,
Le cœur empli d’une sombre douleur mortelle.
Une fée tout à coup parut devant elle,
C’était celle qui ne lui avait rien donné.
Elle dit à l’enfant frêle aux yeux étonnés :
« Ma douce enfant, pourquoi pleurer de la sorte ?
Est-ce donc parce qu’au bal personne ne t’emporte ? »
« Oui, ma bonne dame. » dit la fille au bon cœur.
« Ton âme est douce et ton esprit est sans rancœur,
Et j’emploierai pour toi toute ma puissance.
Je suis une fée qui a vu ta naissance
Et qui de ton bonheur va toujours se charger ;
De mes puissants bienfaits je vais te submerger. »
Pour qu’elle pût aller donc à la goguette,
La fée la transforma, d’un coup de sa baguette,
En une fort belle jeune fille à l’instant,
Grande, habillée de soie et d’or, ne lui restant
Qu’à être au bal princier dignement conduite.
Ditu Migniulellu par la fée fut ensuite,
Pareille dans son nid au frêle oisillon,
Dans une voiture par de beaux papillons
Traînée, et elle alla ainsi à la fête.
Arrivée, la fée lui dit : « C’est chose faite.
Lorsque de mon aide tu auras besoin,
Pour que je t’entoure de mes bienveillants soins,
Dans tes mains trois fois il suffit que tu frappes.
Pour redevenir petite et que rien ne t’attrape,
Tu auras seulement, ma fille, à le vouloir. »
Tout le monde, au palais, fut étonné de voir
Cette belle princesse cependant inconnue
Et qui était au bal tardivement venue.
« Ah ! se dit le prince, quelle douce beauté
Et quel air auguste d’auguste royauté !
De cette femme mon épouse je veux faire,
Car à ma bavarde naine je la préfère. »
Et, en s’approchant d’elle, il lui dit : « Majesté,
Un visage si beau devait m’être resté
En mémoire, et pourtant, chose bien étrange,
Je ne m’en souviens pas. Etes-vous un ange
Qui me fut envoyé à ce bal par Dieu ?
Répondez-moi, beauté dont le front est radieux. »
« Non, seigneur, je ne suis qu’une humble princesse,
Et ne suis ni ange de Dieu ni déesse.
Je ne suis pas de vos États. » « Vous venez d’où ?
Dites-le-moi, princesse au sourire si doux
Qui rend cette oasis de beautés aride. »
« Je suis, noble seigneur, du royaume de Bride. »
« Merci, madame. Si vous voulez mon bonheur,
De danser avec moi accordez-moi l’honneur. »
« Avec plaisir. » dit la fillette si belle,
Mais pensa, aux désirs du prince rebelle :
« Que je redevienne petite comme avant. »
Et s’en alla, du bal prestement se sauvant.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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