mardi 14 juillet 2015

Conte: Ditu Migniulellu (Petit Doigt) (Partie II)

 CONTE: DITU MIGNIULELLU (PETIT DOIGT) (PARTIE II)


II. Ce que sa méchante mère fit à Ditu Migniulellu, et ce que le prince promit à cette dernière quand il la rencontra

Quand les fées partirent, la mère regardait
Sa douce fille qui gentiment bavardait.
Elle disait : « Bonjour, ma petite mère !
Comme tu es pâle et comme tu m’es chère !
Je n’ai pas soif et ne n’ai pas besoin de lait,
Donne-moi ce bonnet près de toi s’il te plaît. »
« Le voici, mon enfant », et elle voulut mettre
Le bonnet sur le chef blond du petit être,
Mais comme dans un bois l’hirondelle chantant
Sa fille y disparut en s’en épouvantant.
La mère regretta alors aux fées puissantes
Qu’elle ne demandât pas, triste et pâlissante,
Que sa fillette fût plus grande, mais pensa
Qu’avec cette fille Dieu la récompensa,
Qu’elle n’avait qu’un jour, et qu’à sa jeunesse
Elle grandirait, la petite larronnesse.
Ditu Migniulellu cependant demeurait
Toujours aussi petite, et sa mère en pleurait
Quand elle vit qu’à seize ans elle était pareille.
Elle ne l’entendait plus que d’une oreille,
Ce ne fut point sa faute qu’ainsi elle resta,
Mais sa mère, lasse d’elle, la détesta
Alors qu’elle l’aimait et priait avec zèle,
Au point qu’elle voulait ne plus la voir chez elle.
Elle se dit un jour : « Ah ! quel affreux fardeau !
Cette petite se noierait dans un verre d’eau,
Inutile au travail comme un vieil ermite. »
Au jardin la mère vit une marmite
Et y mit sa fille pour s’en débarrasser. 
« Ah ! méchante mère, j’ai voulu t’embrasser
Quand tu t’es penchée sur moi, s’écria la fille,
Dans cette marmite tu laisses ta famille
Et tu t’en vas ! Dieu te voit et te châtiera,
Pense à sa colère lorsque tu partiras. »
Mais la mère partit malgré ses remontrances
En ignorant ses pleurs et sa sombre souffrance.
Ditu Migniulellu, sage, d’abord pleura,
Puis dans la marmite calmement demeura,
En songeant au moyen rusé de s’en extraire
Et en chantant un peu afin de se distraire.

Le prince qui passait entendit sa chanson
Et prit pour une fée l’adorable enfançon,
Ou, confus qu’il était, l’adorable enfançonne.
« D’où vient, demanda-t-il, ce chant que Dieu façonne ?
Si c’est une femme, je serai son époux. »
La voix lui répondit avec un soupir doux :
« Je suis une fille qui chante, qui chante,
Et est jetée ici par sa mère méchante ;
Je suis une fille qui chantera toujours. »
Le prince s’écria, le cœur empli d’amour :
« Oh ! quelle mélodie ! où est sa chanteuse ?
Bergère, tu seras bientôt armenteuse
Et tu porteras la couronne comme il sied. »
« La charmante fille, seigneur, est à vos pieds.
Sauvez la charmante fille qui est blême,
Elle veut épouser le prince qui l’aime. »
« A mes pieds ? S’écria le prince furieux,
Je ne vois que cette marmite et c’est curieux,
Ce n’est point là une farce que je tolère ! »
Et la brisa d’un coup de pied avec colère.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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