CONTE: DITU MIGNIULELLU (PETIT DOIGT) (PARTIE II)
II. Ce que sa méchante mère fit à Ditu Migniulellu,
et ce que le prince promit à cette dernière quand il la rencontra
Quand les fées partirent, la mère
regardait
Sa douce fille qui gentiment bavardait.
Elle disait : « Bonjour,
ma petite mère !
Comme tu es pâle et comme tu m’es chère !
Je n’ai pas soif et ne n’ai pas besoin
de lait,
Donne-moi ce bonnet près de toi s’il te
plaît. »
« Le voici, mon enfant », et elle
voulut mettre
Le bonnet sur le chef blond du petit
être,
Mais comme dans un bois l’hirondelle
chantant
Sa fille y disparut en s’en épouvantant.
La mère regretta alors aux fées
puissantes
Qu’elle ne demandât pas, triste et
pâlissante,
Que sa fillette fût plus grande, mais
pensa
Qu’avec cette fille Dieu la récompensa,
Qu’elle n’avait qu’un jour, et qu’à sa
jeunesse
Elle grandirait, la petite larronnesse.
Ditu Migniulellu cependant demeurait
Toujours aussi petite, et sa mère en
pleurait
Quand elle vit qu’à seize ans elle était
pareille.
Elle ne l’entendait plus que d’une
oreille,
Ce ne fut point sa faute qu’ainsi elle
resta,
Mais sa mère, lasse d’elle, la détesta
Alors qu’elle l’aimait et priait avec
zèle,
Au point qu’elle voulait ne plus la voir
chez elle.
Elle se dit un jour : « Ah !
quel affreux fardeau !
Cette petite se noierait dans un verre d’eau,
Inutile au travail comme un vieil
ermite. »
Au jardin la mère vit une marmite
Et y mit sa fille pour s’en débarrasser.
« Ah ! méchante mère, j’ai
voulu t’embrasser
Quand tu t’es penchée sur moi, s’écria
la fille,
Dans cette marmite tu laisses ta famille
Et tu t’en vas ! Dieu te voit et te
châtiera,
Pense à sa colère lorsque tu partiras. »
Mais la mère partit malgré ses
remontrances
En ignorant ses pleurs et sa sombre
souffrance.
Ditu Migniulellu, sage, d’abord pleura,
Puis dans la marmite calmement demeura,
En songeant au moyen rusé de s’en
extraire
Et en chantant un peu afin de se
distraire.
Le prince qui passait entendit sa
chanson
Et prit pour une fée l’adorable
enfançon,
Ou, confus qu’il était, l’adorable
enfançonne.
« D’où vient, demanda-t-il, ce
chant que Dieu façonne ?
Si c’est une femme, je serai son époux. »
La voix lui répondit avec un soupir doux :
« Je suis une fille qui chante, qui
chante,
Et est jetée ici par sa mère méchante ;
Je suis une fille qui chantera toujours. »
Le prince s’écria, le cœur empli d’amour :
« Oh ! quelle mélodie !
où est sa chanteuse ?
Bergère, tu seras bientôt armenteuse
Et tu porteras la couronne comme il
sied. »
« La charmante fille, seigneur, est
à vos pieds.
Sauvez la charmante fille qui est blême,
Elle veut épouser le prince qui l’aime. »
« A mes pieds ? S’écria le
prince furieux,
Je ne vois que cette marmite et c’est
curieux,
Ce n’est point là une farce que je
tolère ! »
Et la brisa d’un coup de pied avec colère.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
mardi 14 juillet 2015
Conte: Ditu Migniulellu (Petit Doigt) (Partie II)
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