jeudi 16 août 2012

La tristesse du Soleil


La tristesse du Soleil


 Le Soleil dit au dieu Jupiter : « Je suis las
De reluire pour les hommes et briller ici-bas
Pour être le pâle témoin de leurs fautes !
Chaque matin, je quitte l’Olympe à la cime haute
Et la couche de Thétis, nymphe aux cheveux d’or
Qui doucement sourit et paisiblement dort,
Et monté sur mon char, la blanche Aurore
M’ouvre les portes du jour qui hésite encore
A briller, et attend, enfant craintif,
Contemplant comme Ariane la mer et les récifs,
Que je vienne, le flambeau à la main, de lumière
Emplir le monde qui me dit des prières !
Jupiter, le Zodiaque m’a vu errer souvent
Mu par quatre chevaux rapides comme le vent,
Pour les mortels quitter ma demeure éphémère
En laissant gémir mes épouses amères
Qui me chérissent et espèrent mon prompt retour,
Qui bénissent la nuit et maudissent le jour
Et rêvent de mes douces et amoureuses caresses
Au firmament disant mon nom avec paresse ;
Les hommes sont mauvais ! Pourquoi rayonner,
Pourquoi voir leurs péchés et les leur pardonner ?
Leurs cœurs sont pleins d’ombre, alors qu’ils y restent !
Ô, je les abhorre comme ils me détestent !
Que leur monde devienne une éternelle nuit ! »
Jupiter répondit au Soleil qui reluit :
« Des dieux de l’Olympe tu m’es le plus cher. Sache
Que mon cœur sera triste et sombre si tu caches
Au monde et aux hommes tes rayons éternels.
Tu brilles pour les bons et pour les criminels
Et nulle douceur à ta douceur n’est égale,
Mais si tu veux plonger dans l’ombre fatale
Cet univers maudit, que tout devienne hiver. »

Le monde devint d’un linceul de nuit couvert,
Tout devint ténèbres et tout devint solitude,
Les mortels, encor plus farouches que d’habitude,
Etaient plus criminels, plus voleurs, plus brigands,
Montraient l’épée avec un sourire arrogant
Aux femmes et aux vieillards dans leurs humbles chaumières ;
La pitié s’en alla avec la lumière ;
Gloire aux plus forts ! Et gloire aux gueux et aux méchants !
Aveuglés, les hommes guidés par leurs penchants
Les plus mauvais, étaient des vautours infâmes
Qui pillaient les demeures et violaient les femmes
Publiquement, houles qui s’abattent sur la mer,
Car tout était cachette pour ces fauves de l’enfer
Et antre ténébreux pour ces bêtes sauvages.
Le Soleil éploré, voyant tous ces ravages,
Dit à Jupiter : « Ô, ténèbres ! Ô, noirs péchés !
En voulant châtier les hommes, je leur ai caché
L’aurore rayonnante et le jour sublime,
Mais la nuit est devenue l’alliée de leurs crimes !
Ils profitent des ténèbres et du noir firmament
Pour voler sans regret, tuer impunément
Et terrasser les faibles ! Il faut que je rayonne,
Ils sont plus féroces quand le jour les abandonne,
La nuit ne les endort point, ces mortels maudits ! »
Jupiter, le sourire aux lèvres, répondit :
« Va, rayonne. Maintenant tu sais quel est ton rôle,
Ta lumière adoucit, protège et console
Les veuves dans leurs chaumières et les pauvres en haillons,
Et les hommes pèchent moins sous les rayons. »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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