La fleur de la dame
Courbé sur son
cheval comme l’ombre sur l’ombre,
Il erre, éperdu,
dans les ténèbres sombres.
Foudre tombée des
cieux et que charrie le vent,
Il contemple
parfois quelque chose en rêvant
Et qu’aux yeux de
la nuit il cache avec zèle,
Tantôt sous son
heaume, tantôt sous sa rondelle.
Qu’est-ce
donc ? Une relique ou un doux billet ?
On ne sait. Sur
son noir destrier ployé,
Ce chevalier
poursuit sa route éternelle,
Et comme si
quelqu’un dans l’ombre l’appelle
Il ne s’arrête
point, roide comme la Vertu,
Sur sa bête
fatiguée, car ils ont combattu
Il y a à peine un
jour, maints ennemis ensemble,
Et maints
guerriers vaincus de leurs travaux tremblent ;
Ce fantôme rêveur
a tué tant de héros
Qu’il peine à
tirer son épée de son fourreau,
Deuxième Excalibur
par le sang obstruée.
Ils courent,
blessés tous les deux, sous les nuées,
L’un a le gorgerin
rouge, l’autre le pas lourd,
Mais le cheval
comme son cavalier est sourd ;
Ô, de la guerre
noires et sinistres affres,
Quand la blessure
se repose sur la balafre !
Qui est ce
chevalier ? Comment s’appelle-t-il ?
Le brave Perceval
ou Roland le subtil ?
Ô, avide lecteur,
tes questions m’embarrassent !
Quel nom peut-on
donner à la foudre qui passe
Et à l’éclair qui
dans le firmament reluit ?
Si tu trouves ce
nom, sache que ce nom c’est lui.
Dans le ciel se
lève la rêveuse aurore.
Le chevalier
errant n’a point dormi encore,
Mais il erre
toujours, tel un zéphyr d’airain,
Las, sans se
reposer, terrifiant et serein.
Un village
apparaît, rustique demeure
De paysans qui, à
cette laborieuse heure,
Se réveillent,
quittent leurs lits et s’en vont aux champs.
Ce guerrier
descend de sa monture en cherchant
On ne sait quel
ennemi, certainement téméraire
Pour ne pas se
cacher à sa juste colère.
Sa main caresse la
crinière de son cheval
Tandis que les
yeux de cet aigle triomphal
Cherchent sans
répit, sous le ciel qui rayonne,
Un spectre
peut-être, peut-être une gorgone.
Soudain il voit
venir, radieuse comme le printemps,
Une douce paysanne
au sourire content
Et dont la chevelure
est noire comme la nuit
Qu’il a passée à
la chercher. Tremblante, elle fuit
Ce fantôme de fer
qui s’avance vers elle,
Et tout à coup
s’arrête, levant ses mains frêles
Au ciel, et
implorant ce farouche combattant :
« Au nom de Dieu qui nous voit et nous entend
Épargnez-moi,
Seigneur ! Je suis orpheline,
Voyez cette fumée
derrière la colline,
Ma chaumière, que
vous ne voyez point, est là-bas.
Venez souper et
vous reposer du combat
Mais ne me tuez
pas, je vous en conjure !
Ma mère m’a appris
à panser les blessures,
Prenez mon lit si
vous voulez vous endormir
Mais dormez-y
seul ! Je vous braverai sans frémir
Si vous osez
croire que je suis votre femme ! »
Sans mot dire, le
preux chevalier ôte son heaume,
Et montrant à
cette femme une rose sans odeur
Lui dit :
« Madame, vous avez fait tomber cette fleur. »
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 14 juin 2012
La fleur de la dame
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