Les larmes d’une femme

Les larmes d’une femme Voyez cette femme qui pleure et que rien ne console, Sa chevelure, comme une divine auréole, Reluit, parfumée, et cache son dos nu, Fardeau ténébreux de la superbe Vénus, Ses yeux sont emplis des rayons de l’aurore Et malgré ses larmes sont beaux et brillent encore ! Elle ne parle point mais elle pleure toujours Qui ? Quoi ? Peut-être une mort, peut-être un amour. Est-elle amoureuse ? Est-elle mère ? Est-elle veuve ? Attend-elle qu’un amant vienne et l’enlève ? Gémit-elle  pour un fils ou pour un époux ? On ne sait. On passe, on contemple ses yeux doux, Surpris par la beauté de ses charmes humides, Elle, la déesse aux grâces homicides Et aux regards plaintifs, qu’on devine meurtriers, Faible comme une brise et fière comme les guerriers ! On lui sourit parfois, mais elle est muette, Elle n’a pas le temps pour les amourettes, Elle ne sourit point. Mais on voit qu’elle a aimé Qu’elle fut déjà chantée, qu’elle a déjà charmé, Car une telle beauté n’est point née pour mourir seule Et elle veut ce que toutes les femmes veulent Qu’on l’adore, qu’on soit son amant et son ami, Qu’on la berce avec une lyre qui gémit, Qu’on lui chante des vers, qu’on lui offre des roses Et qu’on lui dise dans l’ombre de douces choses ! Et pourtant elle souffre, oubliée dans la nuit, Comme dans un manoir un flambeau qui reluit Dans les noires ténèbres, radieux et inutile ! Qui est donc cette femme qu’on reconnaît entre mille Tellement elle est belle, et qui pleure seule ainsi Sous le ciel radieux et par ses larmes obscurci Et dans les cœurs fait naître une douce poésie ? Tunisiens, cette femme qui pleure, c’est la Tunisie. Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène