Fable : la mère et la Mort
Ce poème
s'inspire du célèbre mythe de Rémus et Romulus, fondateurs légendaires de Rome
qui furent allaités par une louve. Le mythe originel a été modifié, pour être
transformé en "fable" symbolique.
La Mort errait,
armée de sa faucille sombre,
En remuant ses
ailes rapides dans l’ombre ;
Dans un bois où
une mère allaitait ses petits,
Mordant le même sein
par leurs bouches appesanti,
Elle s’arrêta, car
elle reconnut sa victime,
Et dit à cette
mère tremblante et magnanime
Et qui lui cachait
son fardeau sans tressaillir :
« Madame, vos
enfants héroïques vont vieillir ;
C’est pour vous
que je viens, par les dieux envoyée.
Ne pleurez pas,
vos larmes pures seront essuyées
Par Jupiter
lui-même, qui bénit vos enfants,
Qui seront
illustres et qui seront triomphants !
Dans le Paradis
que l’aurore éternelle
Emplit de ses
rayons, bienheureuse mortelle,
Vous vous
enivrerez de miel et de nectar,
Mille sourires
bénis de vos joyeux regards
Tomberont, comme d’une
rose parfumée
Des pétales, et
vous serez la bien-aimée
Des dieux qui vous
chérissent, épris de vos lueurs ! »
« Je ne
tremble point de la mort. Mais si je meurs
Mes enfants
périront ! Dit la mère pâle.
Cette forêt est
une onde, je suis leur étoile !
Non ! Pitié,
seigneur ! Qu’on me conduise en enfer
Mais que ces
enfants vivent sans qu’ils gémissent des fers
De leurs ennemis !
Qu’ils ne soient point les esclaves
De leurs
bourreaux, et qu’ils meurent radieux et braves
En vivant libres
comme je les ai enfantés !
La Mort dit :
« Madame, ayez la foi ! Mettez
Vos enfants dans
cette divine corbeille,
Ce salutaire ruisseau, tandis qu’ils
sommeillent,
A un autre rivage,
héroïques et vivants,
Les emportera sur
ses ondes en rêvant ! »
La mère répondit : « Sur
mon salut, je jure
Que si une épine
blesse leurs joues pures
Je reviendrai pour
les chercher d’entre les morts !
J’ai la foi, mais
mon cœur est empli de remords !
Emporte-moi sur
tes ailes, cruelle messagère ! »
Au Paradis la Mort
emporta la mère.
Ses enfants
grandirent, elle ne les vit plus,
L’un s’appelait
Rémus et l’autre Romulus.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mercredi 6 juin 2012
Fable : la mère et la Mort
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