mercredi 6 juin 2012

Fable : la mère et la Mort


Fable : la mère et la Mort


Ce poème s'inspire du célèbre mythe de Rémus et Romulus, fondateurs légendaires de Rome qui furent allaités par une louve. Le mythe originel a été modifié, pour être transformé en "fable"  symbolique.

La Mort errait, armée de sa faucille sombre,
En remuant ses ailes rapides dans l’ombre ;
Dans un bois où une mère allaitait ses petits,
Mordant le même sein par leurs bouches appesanti,
Elle s’arrêta, car elle reconnut sa victime,
Et dit à cette mère tremblante et magnanime 
Et qui lui cachait son fardeau sans tressaillir :
« Madame, vos enfants héroïques vont vieillir ;
C’est pour vous que je viens, par les dieux envoyée.
Ne pleurez pas, vos larmes pures seront essuyées
Par Jupiter lui-même, qui bénit vos enfants,
Qui seront illustres et qui seront triomphants !
Dans le Paradis que l’aurore éternelle
Emplit de ses rayons, bienheureuse mortelle,
Vous vous enivrerez de miel et de nectar,
Mille sourires bénis de vos joyeux regards
Tomberont, comme d’une rose parfumée
Des pétales, et vous serez la bien-aimée
Des dieux qui vous chérissent, épris de vos lueurs ! »
« Je ne tremble point de la mort. Mais si je meurs
Mes enfants périront ! Dit la mère pâle.
Cette forêt est une onde, je suis leur étoile !
Non ! Pitié, seigneur ! Qu’on me conduise en enfer
Mais que ces enfants vivent sans qu’ils gémissent des fers
De leurs ennemis ! Qu’ils ne soient point les esclaves
De leurs bourreaux, et qu’ils meurent radieux et braves 
En vivant libres comme je les ai enfantés !
La Mort dit : « Madame, ayez la foi ! Mettez
Vos enfants dans cette divine corbeille,
 Ce salutaire ruisseau, tandis qu’ils sommeillent,
A un autre rivage, héroïques et vivants,
Les emportera sur ses ondes en rêvant ! »
La mère répondit : « Sur mon salut, je jure
Que si une épine blesse leurs joues pures
Je reviendrai pour les chercher d’entre les morts !
J’ai la foi, mais mon cœur est empli de remords !
Emporte-moi sur tes ailes, cruelle messagère ! »

Au Paradis la Mort emporta la mère.
Ses enfants grandirent, elle ne les vit plus,
L’un s’appelait Rémus et l’autre Romulus.



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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