samedi 16 juin 2012

Entretien avec une beauté


Entretien avec une beauté


Elle me disait, aux lèvres un doux sourire
Et en rêvant, bercée par ma lyre :
« Tu es poète ! Ô, présent infini
Que le ciel fait aux hommes qu’il bénit !
Etre poète, c’est chanter sur Terre
Comme l’oiseau dans l’azur où il erre
Un hymne immense et qui berce nos cœurs,
C’est dire des prières à l’Amour vainqueur
Et à la radieuse nature,
C’est chanter la douce désinvolture
D’une beauté, par ses feux embrasé,
Et l’éternité d’un ardent baiser !
C’est Dieu qui a fait tomber, sans doute,
Ce rayon pour éclairer nos routes,
Du firmament dans le cœur d’un mortel !
Le poète, quand il contemple le ciel,
Y voit reluire son nom en lettres immenses,
Il dit tout haut ce que le Seigneur pense
Tout bas, et ce que nous n’entendons point.
C’est un voyageur qui vient de loin
Après avoir erré dans les hautes sphères. »

Elle se tut. Elle rêvait encore
Et souriait toujours et me contemplais.
Je souris à mon tour, et il fallait
Que je me tusse en demeurant livide
Pour ne point blesser cette âme candide.
Mais je pensais : « Poète ! C’est un fardeau
Qui courbe l’âme, comme l’onde un radeau
Quand on entend rugir la tempête.
Ô, douce beauté, être poète
C’est voir le vide ployer son aile sur soi,
C’est pleurer souvent sans savoir pourquoi
Et c’est trouver le monde où nous sommes
Insignifiant et petit comme les hommes,
C’est être bercé, seul dans les bois,
Par le sombre écho de sa propre voix !
Ce n’est point Dieu, c’est un démon, madame,
Qui du poète maudit déchire l’âme
Avec ses dents acérées et sourit
En le ressuscitant quand il périt !
Si tu pouvais voir mon cœur qu’il torture,
Tu ne verrais, hélas ! Qu’une blessure,
Et dans mon esprit en lambeaux il pleut
Du sang, je suis une balafre qui se meut,
Et empourpré par la griffe des ténèbres,
J’erre en chantant un hymne funèbre ! »



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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