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jeudi 26 janvier 2017

Le baiser du Sphinx

Le baiser du sphinx

Franz von Stuck, Baiser du Sphinx (1895)

Le Sphinx, femme à l’étreinte mortelle,
Embrasse sourdement le voyageur
Qui gémit de ses amours cruelles,
Opprimé par son baiser ravageur.

Sa bouche puissante le respire
Avec frénésie, devenu un peu d’air,
Et cette succube qui le désire 
Boit son sang qui coule comme un flot clair !

Ses dents mordent les deux lèvres rouges
De son captif qui adore ses fers
Et qui soupire et jamais ne bouge
Sous l’aile chaude de son sombre enfer !

Même sa chevelure est une chaîne
Qu’elle enroule comme un fardeau charmant,
Avec amour et aussi avec haine,
Autour du corps brûlant de son amant 

Qui aimera jusqu’à son heure dernière
Celle qui l’opprime et qui le chérit
D’une étrange et ténébreuse manière
Et qui dit : « Qui m’aime pour moi périt ! » 

Accablé par cette beauté altière
Sur le rocher éternel de l’amour,
Il mourra et il sera matière
Et ne verra point les rayons du jour.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 25 janvier 2017

La solitude de Lucifer

la solitude de lucifer

Franz von Stuck, Lucifer (1890)

Pareils à deux flambeaux aux rayons funèbres,
Les yeux de Lucifer brillent dans les ténèbres,
Et sur son roc assis, effrayant et pensif,
Il est un flot brisé sur le monde récif.

Sur l’éternité il ploie ses ailes noires,
Condamné, exilé, sans sceptre et sans gloire ;
Un croissant de lune, tombé près de lui,
De l’arbre du Néant fruit pesant qui reluit,
Lui rappelle sa nuit éternelle et morne
Et comme l’univers lui-même sans bornes
Qui le couvre telle un insondable linceul.
Ne point mourir et vivre éternellement seul !
Etre proscrit partout comme le vent qui passe !
Ne pas pouvoir lever au ciel ses mains lasses
Pour demander la mort ou demander l’enfer !
Demeurer enchaîné à d’invisibles fers
Lourds comme les astres et tombant des mondes !
Le Démon songe dans la nuit profonde,
Nu dans l’immensité et le froid de l’hiver
Qui s’appesantit sur le chétif univers
Telle une maladie puissante et funeste,
Rose qui s’épanouit en répandant la peste
Et dont les pétales sont immenses et noirs
Empêchant les cœurs de battre et les yeux de voir.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène