samedi 10 novembre 2018

Le lit

 Le lit

Béni soit le lit, le seul refuge
Des fatigués et des désespérés,
Et l’arche qui sauve du Déluge
Nos voiles qui tout le jour ont erré !

Comme un tombeau bienfaisant, il accueille
Les corps las et les esprits terrassés,
Et les âmes que la douleur endeuille ;
Les dormeurs sont pareils aux trépassés !

Son linceul, comme une mer, nous couvre,
Et noie allégrement, sous ses grands flots,
Loin du rivage et loin du havre,
La frêle rivière de nos sanglots.

Si seulement nous pouvions dormir encore
Jusqu’à la fin de ce morne univers !
Chaque matin, chaque nuit, chaque aurore,
Nous nous réveillons, rongés par les vers,

Et nous secouons la lourde planche
De cet éphémère et profond cercueil,
En fuyant la lumière blanche
Du jour naissant, qui souille notre deuil.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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