samedi 14 janvier 2017

Le Sacrifice

LE sacrifice

Auguste Gendron, Le tribut d'Athènes au minotaure (1876)

Dans leur terrible nef, les vierges gémissantes,
D’un monstre sans merci nourritures impuissantes,
Sont toutes emportées, sur l’onde de la mort,
Au rivage fatal et à l’ultime port.
Le cor du rameur qui appelle la bête
Hurle sinistrement comme une tempête
Dans le labyrinthe où le Taureau mugit.
Dans les ombres une gueule invisible rugit,
Montrant ses dents polies comme une pleine lune.

Les vierges, qui tremblent de leur infortune
Et qui ne reverront plus les rayons du jour,
Assoiffées de baisers, rêvaient pourtant d’amour,
D’être des amantes ou d’être des épouses,
De rendre les unes et les autres jalouses,
De vivre bien longtemps, de ne jamais mourir !
Nul héros ne viendra, hélas, les secourir !
Elles pleurent, elles s’enlacent et se consolent,
Jadis radieuses et pour plaire frivoles,
Du marbre et des pierres du sombre monument
Elles sombrent imiter la morne gravité ;
Victimes d’un péril qu’elles ne peuvent éviter,
Elles contemplent une dernière fois leurs charmes
Dans le fleuve sous leur nef, fait de leur larmes.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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