lundi 16 mai 2016

Conte: Il faut mourir (Partie I)

CONTE: il faut mourir (partie I)

I. La quête de Grantesta

Il y avait un homme qui était si savant
Que parmi les sages vieillards, morts ou vivants,
Aucun ne lui était jadis comparable.
Il s’appelait Grantesta, héros de cette fable.
Un jour, après avoir à Rome étudié,
Il alla voir sa mère, au village oublié
Qu’ils habitaient tous deux. Il se mit en route,
Et quand il s’arrêta pour manger sa croûte,
Il vit un doux vieillard aux longs et blancs cheveux.
« Où vas-tu ? », lui demanda-t-il. « Pourquoi ? » « Je veux
Suivre la route avec toi, si ta route est mienne. »
« Je m’en vais, et je veux que rien ne me retienne,
Surtout un gueux de ton espèce, vain mendiant. »
« Respecte un blanc vieillard de l’aider te priant,
Tu es jeune et tu es fort, aide ma faiblesse. »
« Me crois-tu ton valet ? va-t’en et me laisse.
Sais-tu quel est mon nom ? je suis Grantesta
L’homme le plus savant qui ici-bas resta
Après la mort, jadis, de tous les vieux sages.
Disparais, le vieillard, quitte mon passage. »
« Je vois, bien qu’au départ je ne l’aie point pensé,
Répondit le vieillard, que tu es insensé
Et que ta vanité n’a point d’égale.
Prends garde, car elle peut t’être fatale. »
Et voilà le mendiant tout à coup transformé
En jeune homme, qui dit à ce fat alarmé :
« Jamais tu ne vaincras la mort toute-puissante,
Grand sage, Grantesta, âme évanescente
Que le néant prendra, comme il prend tout, un jour.
Ô, malheureux mortel, à ta perte tu cours
On oubliera jusqu’à ton nom, misérable. »
Grantesta s’écria : « Ô présage effroyable !
Moi, mourir ? que dis-tu, vaurien ? jamais, jamais ! 
Moi, mourir comme un sot ? Que me dis-tu là ? Mais
Je suis le plus sage des hommes sur terre ! »
« Tu mourras, Grantesta. » « Jamais ! il faut que j’erre
Pour trouver le pays où tout est éternel
Et où rien ici-bas ne meurt sous le ciel. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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