samedi 2 avril 2016

Conte: Comment André coupa le nez du curé (Partie III)

CONTE: COMMENT ANDRÉ COUPA LE NEZ DU CURÉ (PARTIE III)


III. La proposition qu’André  fit au curé, et ce qui s’ensuivit

André, qui trois jours sur la même route allait,
Du noir curé devint également le valet.
« Je voudrais, lui dit-il, ajouter quelque chose.
Souffrez, mon bon curé, que je vous le propose. »
« Que veux-tu ajouter ? » « Pour ne rien vous cacher,
Que celui de nous deux qui ose se fâcher
Perde ses deux oreilles et tout ce qu’il possède. »
« Je suis riche, mais tu n’es qu’un pauvre aède,
Répondit le curé, tu serais très heureux
De me voir sans mes deux oreilles et miséreux,
Et je ne gagnerais que tes vaines oreilles. »
« Pour trembler, mon curé, d’une peur pareille,
De perdre le pari vous m’avez l’air certain. »
« Moi, perdre ? Par Jésus et le bon saint Martin !
J’accepte ton offre. » « Le lendemain, le fourbe
Envoya ses bêtes brouter un peu d’herbe
Et son domestique les garder. Le soir
Il lui dit : « Viens, mon bon garçon, viens t’asseoir.
Mange ce son de mes cochons. » « Oui, mon maître. »
Et André fit semblant dans sa bouche d’en mettre.
« Oh ! maître, votre son est des plus délicieux
Et je n’ai rien mangé d’aussi bon sous les cieux.
Vos cochons doivent être bien contents, sans doute. »
« Ce coquin, j’aurais dû le laisser sur la route,
Pensa le vil curé ; à ce malin puiné
Je devrais prendre garde ou je serais ruiné. »
Le lendemain André alla dès l’aurore
Promener les cochons du curé encore,
Mais au matin vendit le bétail au boucher
Et en garda les queues qu’il prit soin de cacher
Dans la boue de l’étang. Voilà soudain qu’il crie :
« Ah ! monsieur le curé ! venez, je vous en prie ! »
« Qu’y a-t-il ? Pourquoi cries-tu donc, valet de malheur ?
Pendant mon absence as-tu vu des voleurs ? »
« Non, monsieur. Mais j’ai vu s’envoler vos chèvres. »
« Que dis-tu, ventre creux ? Aurais-tu la fièvre ?
S’écria le curé, je vais bien te rosser
Et si tu veux être arrangé t’exaucer ! »
Le malin dit alors : « Etes-vous en colère ? »
« Non, non, je suis content ! » « Ravi de vous plaire. »
Et le curé pensa : « Il faut que sans délai
Je me débarrasse de ce petit diablet.
Songeons, songeons un peu, que je l’attrape
Et qu’il n’obéisse point, car il rit sous cape
De me voir obligé de ne coup lui férir,
Et mon puissant bâton le va bientôt chérir. » 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 


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