dimanche 30 août 2015

Conte: Bastuncedu dirida (Partie III)

CONTE: BASTUNCEDU DIRIDA (PARTIE IiI)


Vocabulaire: Bastuncedu dirida: Petit bâton dirida, "dirida" étant un mot vide de sens, dans le dialecte basque/ L'âne "caga dinari": L'âne aux écus

III. Le troisième et dernier présent que saint Pierre fit au pauvre bonhomme, volé une autre fois par son fourbe hôtelier

De retour à l’hôtel, le pauvre écervelé
Dit à l’hôtelier : « C’est vous qui m’avez volé ;
Prenez soin de mon âne et n’osez point lui dire :
Âne, fais ce que tu dois. » « Entendu, sire,
Répondit le fourbe, je ne lui dirai rien.
Soyez sans inquiétude et surtout dormez bien. »
Quand le hère dormit, avec effronterie
Son hôtelier alla, la nuit, à l’écurie
Et dit à l’âne : « Fais, âne, ce que tu dois. »
« Ah ! ah ! s’écria-t-il, mais qu’est-ce que je vois ?
En voyant le baudet faire de belles pièces,
Je dois remercier ce sot de sa gentillesse !
Par le rude labeur fini d’être marri !
J’ai cet âne, grâce au ciel, caga dinari,
Jusqu’à ma mort je vais demeurer prospère,
D’une beauté l’époux, d’heureux enfants le père. »
Et alla remplacer le baudet enchanté
Par un autre, comme lui en bonne santé
Et noir comme la nuit profonde et hagarde
En pensant que son pauvre hôte n’aurait garde,
Imbécile tel qu’il l’était, de le savoir.
Le hère s’en alla, en effet, sans rien voir.
Voulant quelques écus, il dit à la bête :
« Âne, fais ce que tu dois. » qui fit à sa tête.
L’imbécile attendit, attendit, puis se dit :
« Je crois que saint Pierre de mon malheur se rit !
Sa serviette et son âne, hélas ! sont éphémères. »
Et il revint au ciel, l’âme bien amère,
Frappa à la porte et attendit un moment.
Saint Pierre, en le voyant, s’écria : « Comment,
Tu reviens encore ! N’as-tu point fait fortune ?
Tu es un bon garçon mais tu m’importunes. »
« Pardonnez-moi, grand saint. Je reviens vous revoir
Car votre âne a aussi perdu tout son pouvoir.
Je ne vous demanderai plus rien, je vous le jure. »
« Tu es bien sot, mon pauvre ami à l’âme pure !
Prends ce bâton, que nul ne pourra échapper
S’il dit : Bastuncedu dirida, va frapper.
S’il dit : Bastuncedu dirida, arrête,
Il s’arrêtera, doux comme une amourette. 
Ce sera mon dernier présent;  prends-en bien soin
Car tu en auras plus que les autres besoin. »

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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