CONTE: BASTUNCEDU DIRIDA (PARTIE iI)
II. Ce que le pauvre hère fit de son présent enchanté
Comme
la nuit tomba, notre pauvre hère
Entra
dans une auberge, oubliant sa misère,
Et
demanda un lit. Avant de s’endormir,
Nonobstant
le conseil du saint, sans en frémir,
Il
dit à l’hôtelier : « Voilà une serviette
Qui
t’aidera à remplir toutes les assiettes
Et
qui...Mais il ne faut surtout pas oublier
Qu’il
ne faut pas sans m’en parler la déplier. »
« Ne
vous inquiétez point, dit avec fourberie
A
son hôte naïf le maître d’hôtellerie,
Je
ne la déplierai jamais, mon bon ami. »
Mais
ayant oublié ce qu’il avait promis,
Dès
que le pauvre homme dormit, il alla, preste,
Déplier
la serviette et s’écria : « Peste ! »
En
la voyant remplie de tout ce qu’on aimait,
De
vins et de gâteaux, de fruits et de mets.
« Bien ! se
dit-il, cette serviette docile
A
mes vœux, rendra ma cuisine plus facile. »
Et
à sa place il mit une autre promptement
Qui
lui était pareille, et alla lestement.
Le
lendemain, pour qu’il déjeunât, le bonhomme
Déplia
sa serviette et n’eut point une pomme.
Il
eut beau attendre, rien n’arriva, hélas.
Il
alla dire à son hôte, bien triste et las :
« As-tu
déplié ma serviette ? » « Non, sire,
Je
suis blessé par ce que vous venez de dire !
Je
ne l’ai point touchée, ma parole d’honneur. »
« Ah !
c’est bien étrange, se dit le déjeuneur,
Ma
serviette est devenue soudain indocile. »
Et
il revint au ciel, le pauvre imbécile.
« Pan !
pan ! » « Voilà, voilà ! Pourquoi m’importuner,
Et
pourquoi reviens-tu, mon pauvre infortuné ? »
« Excusez-moi
de vous déranger, bon saint Pierre,
Votre
serviette, après une heure sur terre,
A
mon grand étonnement a perdu son pouvoir.
Faites-moi
un autre présent. » « Ton seul devoir,
Répondit
le saint, a été de ne rien dire,
Mais
tu es bien sot et tu me fais sourire.
Prends
cet âne enchanté qui jamais ne s’endort
Et
te fera quand tu voudras des pièces d’or :
Tu
lui diras seulement : Fais ce que tu dois, âne.
Profite
bien, mon bon garçon, de cette manne,
Mais
ne sois pas leurré par les rusés mortels. »
Et
notre bonhomme revint au même hôtel
En
remerciant le saint avec véhémence
De
sa grande bonté et de sa clémence.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
samedi 29 août 2015
Conte: Bastuncedu dirida (Partie II)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: