samedi 29 août 2015

Conte: Bastuncedu dirida (Partie II)

CONTE: BASTUNCEDU DIRIDA (PARTIE iI)


II. Ce que le pauvre hère fit de son présent enchanté

Comme la nuit tomba, notre pauvre hère
Entra dans une auberge, oubliant sa misère,
Et demanda un lit. Avant de s’endormir,
Nonobstant le conseil du saint, sans en frémir,
Il dit à l’hôtelier : « Voilà une serviette
Qui t’aidera à remplir toutes les assiettes
Et qui...Mais il ne faut surtout pas oublier
Qu’il ne faut pas sans m’en parler la déplier. »
« Ne vous inquiétez point, dit avec fourberie
A son hôte naïf le maître d’hôtellerie,
Je ne la déplierai jamais, mon bon ami. »
Mais ayant oublié ce qu’il avait promis,
Dès que le pauvre homme dormit, il alla, preste,
Déplier la serviette et s’écria : « Peste ! »
En la voyant remplie de tout ce qu’on aimait,
De vins et de gâteaux, de fruits et de mets.
« Bien ! se dit-il, cette serviette docile
A mes vœux, rendra ma cuisine plus facile. »
Et à sa place il mit une autre promptement
Qui lui était pareille, et alla lestement.
Le lendemain, pour qu’il déjeunât, le bonhomme
Déplia sa serviette et n’eut point une pomme.
Il eut beau attendre, rien n’arriva, hélas.
Il alla dire à son hôte, bien triste et las :
« As-tu déplié ma serviette ? » « Non, sire,
Je suis blessé par ce que vous venez de dire !
Je ne l’ai point touchée, ma parole d’honneur. »
« Ah ! c’est bien étrange, se dit le déjeuneur,
Ma serviette est devenue soudain indocile. »
Et il revint au ciel, le pauvre imbécile.
« Pan ! pan ! » « Voilà, voilà ! Pourquoi m’importuner,
Et pourquoi reviens-tu, mon pauvre infortuné ? »
« Excusez-moi de vous déranger, bon saint Pierre,
Votre serviette, après une heure sur terre,
A mon grand étonnement a perdu son pouvoir.
Faites-moi un autre présent. » « Ton seul devoir,
Répondit le saint, a été de ne rien dire,
Mais tu es bien sot et tu me fais sourire.
Prends cet âne enchanté qui jamais ne s’endort
Et te fera quand tu voudras des pièces d’or :
Tu lui diras seulement : Fais ce que tu dois, âne.
Profite bien, mon bon garçon, de cette manne,
Mais ne sois pas leurré par les rusés mortels. »
Et notre bonhomme revint au même hôtel
En remerciant le saint avec véhémence
De sa grande bonté et de sa clémence.

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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