CONTE: bastuncedu dirida (PARTIE i)
I. Comment un pauvre hère arriva au paradis, et le
présent que saint Pierre lui fit
Un pauvre hère
que la misère importune
Se mit en tête
un jour d’aller faire fortune.
Il voyagea
longtemps, longtemps, chercheur errant,
Et vit dans un
pays un châtaignier si grand
Qu’il atteignait
le ciel, et que ses vertes branches
S’enfonçaient
dans les nues édéniques et blanches.
« Grimpons
sur cet arbre, se dit le malheureux,
Le paradis m’attend
peut-être, chaleureux,
Sur son sommet,
et la fortune fuyeuse
M’accordera
enfin ses faveurs radieuses. »
Le voilà qui
monte, qui monte, avec ferveur.
Il arriva enfin
au paradis rêveur,
Frappa à la
porte, vêtu de ses hardes,
Et il vit saint
Pierre, qui était de garde.
« Mon
bonhomme, que veux-tu ? » « Las de ses noirs tours,
Après la fortune
depuis longtemps je cours,
Et ne la
trouvant point sur terre, vain mirage,
Je suis venu
pour la chercher dans ces parages.
Est-elle ici, ô
saint ? Ou dois-je encor courir ? »
« Oui, mais
tu n’entreras point avant de mourir.
Je ne te
laisserai pas passer quoi qu’il arrive. »
Le hère s’écria : « Ah !
même Dieu me prive
Des fruits
abondants de ses bienfaits éternels !
Je ne suis pas,
pourtant, un pécheur criminel,
Et mon seul tort
est qu’il m’a fait pauvre naître !
Hélas !
daignez avoir pitié de moi, maître,
Car je veux être
heureux avant que d’être mort,
Bien que je sois
certain de périr de remords
Si je m’en vais
d’ici aussi pauvre et hère
Que sur terre où
je vis dans la grande misère. »
« Tu me
sembles homme de bien, mais tu n’entreras pas,
Lui répondit le
saint, sauf après ton trépas.
Mais prends
cette serviette, et tu n’as qu’à l’étendre
Pour avoir ce qu’il
faut. Nul n’en doit entendre
Parler ; un
tel présent attire les voleurs
Qui te feront
revenir à ton premier malheur. »
« Je vous
le promets, grand saint. Il faut que j’aille
L’essayer sur
terre et faire bonne mangeaille. »
Et il descendit
du châtaignier, fort content,
Et à revenir sur
terre il ne fut point longtemps.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
mardi 25 août 2015
Conte: Bastuncedu dirida (Partie I)
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