CONTE: LA JEUNE FILLE AMOUREUSE DU ROSSIGNOL (PARTIE IIi)
III. Ce qui arriva à Belladonna et à son rossignol
quand sa mère les trouva
A l’entrée d’un village, en cherchant la
belle,
Le chapelain aperçut, auprès d’une
chapelle,
Un curé qui lisait son bréviaire en
courbant
Sa tête pieuse et chauve sur le livre
tombant.
« Avez-vous vu passer une jeune
fille,
Lui demanda-t-il, qui est belle et
gentille ? »
« Qu’est-ce que vous m’avez dit ?
Une fille ? Comment ?
Répondit-il, on dit la messe en ce
moment. »
« Je viens ici chercher une demoiselle,
Non pour votre messe. Cette frêle
oiselle
Est-elle ici venue ? » « Venez,
on vous attend,
On va dire la messe, vous arrivez à
temps. »
« Que le diable t’enlève, curé,
avec ta messe !
De bien te rosser je te fais la promesse
Si tu m’en parles encor. » Et le
chapelain furieux
Revint dire à la mère : « Un
curé bien curieux
Qui près d’une chapelle lisait son
bréviaire,
C’est tout ce que j’ai vu ; et
malgré mes prières
De venir entendre la messe il répétait. »
« Eh bien ! dit la mère, ce
curé-là, c’était
Belladonna, ma fille. Elle serait
revenue
Ici avec toi si tu l’avais reconnue. »
« A voir son air grave, on s’en
douterait pourtant... »
« Tais-toi, imbécile, et reste ici.
En partant
Moi-même je trouverai ma fillette errante. »
Elle marcha trois jours, et la mère
souffrante
Vit enfin sa fille qui parlait doucement
A son cher rossignol, en chuchotant
bassement,
Assise sous un arbre, sur la fraîche
herbe verte.
Belladonna, quand elle se vit découverte,
Se changea en rosier. Mais cette fois,
hélas,
Sa mère le prit. Le rossignol, triste et
las,
Chantait : « Ô mère de ma
charmante épouse !
Rendez-la-moi, et ne soyez pas jalouse
De notre bonheur et notre éternel amour !
Sachez qu’elle et moi nous nous aimerons
pour toujours !
Notre fille d’honneur, c’était l’alouette,
Nos témoins le pinson et la sage
chouette.
Rendez-moi mon épouse, ô mère au cœur
hideux !
Si elle périt, nous périrons tous les
deux. »
Mais sans rien écouter de ses prières
amères,
Marchant rapidement vers la maison, la
mère
Voulait désenchanter sa fille grâce à l’eau
Qu’une fée lui donna, vivant dans un îlot.
Mais le pauvre rosier, ô amours fatales !
Laissa tomber un, puis deux, puis trois pétales ;
Quand la mère arriva, en pleurant son
péché,
Elle le vit, hélas, tout à fait
desséché.
Le rossignol l’avait amoureusement
suivie.
De voir que son amante avait quitté la
vie
Il chanta pendant trois jours sur le
grenadier
Des airs fort tristes, sans qu’il ne fût
congédié,
Au quatrième jour, réduit au silence,
Il mourut de ses feux emplis de
violence.
[FIN DU CONTE: LA JEUNE FILLE AMOUREUSE DU ROSSIGNOL]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
lundi 15 juin 2015
Conte: La jeune fille amoureuse du rossignol (Partie III)
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