dimanche 14 juin 2015

Conte: La jeune fille amoureuse du rossignol (Partie II)

CONTE: LA JEUNE FILLE AMOUREUSE DU ROSSIGNOL (PARTIE Ii)


II. Comment Belladonna prit la fuite, et pourquoi le chapelain échoua à la ramener

Un jour qu’on invita sa mère à un festin,
Belladonna, le cœur meurtri par le destin
Et de ne plus revoir son amant terrifiée,
Fut à la garde du vieux chapelain confiée.
Elle dit au gardien en la voyant partir :
« Chapelain, ô bon chapelain ! Souffrez-moi de sortir
Un peu de cette chambre, faire la promenade
Et cueillir quelques-unes de ces belles grenades
Devant notre porte, le sourire rendu. »
« Non, mon enfant, votre mère m’a défendu
De vous laisser sortir. » dit le chapelain fidèle. »
« Hélas ! pour loin d’ici m’enfuir je n’ai point d’ailes,
Mais puisque de maman telle est la volonté,
D’aller m’en chercher une ayez la bonté. »
« Pour cela, je veux bien. » et il ouvrit la porte
De la fille qui se dit : « Qu’avant qu’il ne parte
Je devienne mouche. » Et elle le devint.
Rien de sortir de sa prison ne la retint,
Et dehors elle dit : « Que je sois moi-même. »
« Je vais maintenant chercher le rossignol qui m’aime
Et que j’aime, et rien ne nous fera plus souffrir. »
Et Belladonna se prit alors à courir
Les champs qui l’entouraient, partie à sa recherche.
Elle continuait son éternelle marche,
Et le chapelain revint. De ne plus la revoir
Il s’étonna. « Pourtant, j’ai bien fait mon devoir !
Pensa-t-il, et ici elle était retenue.
Pour sortir que fit-elle ? Qu’est-elle devenue ? »
Et il chercha partout, mais inutilement.
La mère de la fête revint tranquillement,
Elle fut irritée de cette fuite,
Injuria le chapelain et se calma ensuite
Et lui ordonna de partir la retrouver.
Le chapelain, confus, ne pouvait qu’approuver,
Il voyagea longtemps et vit la beauté fière
Se reposant au bord d’une calme rivière.
« Belladonna, ma fille, dit-il, n’ayez point peur !
Madame vous pardonne. » Mais ces propos trompeurs
Ne séduisirent point notre jeune fille
Qui en les entendant se changea en anguille,
Faisant un saut dans la rivière promptement.
Pour ne pas l’effrayer il s’approcha lentement,
L’appela, la chercha, mais le vieux bonhomme,
Surpris, ne revit plus alors la jeune dame
Et ne vit qu’une anguille qui faisait mille tours
Dans le ruisseau. Comme ravie par les vautours,
Belladonna s’était dans les airs envolée.
Il revint, la nuit, à la mère désolée,
Et lui dit : « J’ai pu voir votre fille, elle était
Près d’une rivière, et rien ne l’inquiétait.
Mais en m’apercevant avancer vers elle
Elle a disparu, et seule une anguille frêle
Se jouait à sa place dans les eaux du ruisseau. »
« Ce n’est point une anguille, mais ma fillette, sot ! 
S’écria la mère, si tu l’avais prise
Elle serait revenue, cette folle éprise,
A son premier état. Te voilà averti
De son secret ; maintenant pars. » Et il repartit. 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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