mardi 7 avril 2015

Conte: Point-du-Jour (Partie III)

CONTE: POINT-DU-JOUR (PARTIE IIi) 


III. De quelle manière Point-du-Jour fut récompensé pour ses actions charitables

Point-du-Jour errait, comme si c’était son devoir,
Sans qu’il ne s’arrêtât et sans daigner savoir
Où ses pas le menaient, las et le front moite.
Le lézard vint lui dire : « Ami, prends cette boîte,
Du bonbon est dedans, mais il ne faut l’ouvrir
Que quand tu seras chez toi revenu, sans courir. »
La fauvette vint, quand il se remit en route,
Lui dire : « Tu ne m’as pas oublié, sans doute,
Et moi aussi je ne t’ai jamais oublié.
Tu as sauvé mes trois par l’orage humiliés
Qui allaient périr dans la sombre solitude,
Et tu mérites mon éternelle gratitude ;
Je te donne cet œuf pour te récompenser,
Tu n’auras, mon garçon, nul sous à dépenser
Pour avoir des vêtements, et sans faire d’emplette
Tu y trouveras la plus belle toilette
Que tu aies jamais vue. » Un peu plus loin, il vit
Une colombe blanche qui avait l’air ravi
De le rencontrer, et lui dit : « Charitable,
Tu as sauvé de deux périls redoutables
Le lézard prisonnier et des fauvettes, mes sœurs.
Voici un talisman ; les désirs de ton cœur
Seront exaucés, grâce à lui, et tes prières. »
Il arriva chez lui. Ses deux sœurs s’écrièrent  
En le voyant : « Voici encore ce vaurien !
Il s’est envolé comme un oiseau aérien,
Pourquoi est-il revenu, et qu’est-ce qui l’attire ? »
Et ses deux méchantes sœurs bientôt le battirent
Alors qu’il criait : « J’ai faim, mes sœurs, laissez-moi ! »
Mais elles lui disaient, ignorant ses émois :
« Tais-toi ! Tu mérites une punition bien verte !
Quand tu as fui, tu as laissé la porte ouverte,
Et les voleurs pouvaient, la nuit venue, venir. »
Et elles le frappaient encor sans se retenir.
« Attendez ! s’écria-t-il, je vais vous plaire,
Et j’ai un beau présent toutes deux à vous faire :
Prenez cette boîte, je ne veux, en retour,
Qu’un bon morceau de pain. » Pareilles à des vautours,
Elles ouvrirent la boîte, et n’y trouvèrent
Que des crapauds hideux, et elles supplièrent
Point-du-Jour de les y faire aussitôt rentrer
Car ils ouvraient la gueule comme pour les éventrer.
Elles se remirent à le frapper de plus belle ;
« Coquin, tu veux nous faire peur ! s’écriaient-elles,
Nous allons te rosser comme un immonde bœuf. »
« Arrêtez ! cria Point-du-Jour, prenez cet œuf,
On m’a dit qu’il contient des toilettes élégantes. »
Elles cassèrent l’œuf ; les deux sœurs arrogantes
Furent assaillies par un serpent qui s’élançait
Sur elles, et à siffler âprement commençait.
Elles supplièrent leur frère, et elles voulaient
Cette fois le tuer, et en effet allaient
Le faire, mais il leur dit : « Faites-moi payer
Si vous le voulez, mais laissez-moi essayer
D’abord mon talisman au pouvoir redoutable. »
Elle se couvrit d’or quand il fut sur la table,
Et ses sœurs se mirent à l’embrasser tendrement
Et moururent sans en jouir. Après leur enterrement,
Que suivit celui de leur père haïssable,
Il vécut heureux et seul sans ces misérables
Grâce à son talisman enchanté. Et ni, ni,
Merci de l’avoir ouï, mon conte est bien fini. 

[FIN DU CONTE: POINT-DU-JOUR]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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