CONTE: LES TROIS LARRONS (PARTIE IIi)
III. La ruse des deux fripons, et celle de Travers
La nuit venue, les deux fripons viennent
accomplir
Leur ténébreux dessein, que pour dûment
remplir
L’aîné, lui, fait le guet, et Barat
commence
A percer patiemment le mur, sans
véhémence,
A l’endroit où il vit le cochon
suspendu.
Mais bientôt il voit un bout de corde
étendu
Par terre. « L’oiseau est parti »,
dit-il, sombre.
Travers, ne dormant pas, crut ouïr un
bruit dans l’ombre,
Il réveilla sa femme et courut vérifier,
Avec son épouse qu’il vint de terrifier,
Si le cochon était toujours dans sa
cachette.
Il l’y trouva, mais il tremblait pour
ses vachettes,
La grange et l’écurie, qu’il alla
surveiller
Armé d’une hache. L’oyant se réveiller
Et sortir, Barat – que le Diable l’emporte !
–
Profita du moment pour crocheter la
porte,
Et s’approcha du lit où, l’œil à peine
ouvert,
Sommeillait dans l’ombre la femme de
Travers.
Contrefaisant sa voix il lui dit : « Ma
Marie,
Le cochon n’est plus à la muraille, je
prie
Pour qu’il n’ait point été pris. Qu’est-il
devenu ? »
« Ah ! dit-elle, sans ta tête
tu es revenu !
Est-ce que la peur te trouble la
cervelle ?
Il est sous la huche, dans sa cachette
nouvelle,
Nous l’y avons mis de peur des deux
étrangers. »
« J’ai oublié, reprit-il. Je vais
le ranger,
Reste là, toute cette affaire m’affole. »
Et il va aussitôt charger sur ses
épaules
Le cochon, qu’il emporte sans avoir
hésité.
Après qu’il eut fait sa ronde et bien
visité
Ses portes, Travers vint. « Tu
as une pauvre tête !
As-tu oublié ce qu’on a fait de la bête ? »
Lui demanda sa femme. Et il poussa un
cri
Et dit : « On l’a volée !
Hélas, c’était écrit !
Ces deux fripons sont les plus doués au
monde
Et ils ont réussi leur délit immonde. »
Mais comme les voleurs ne pouvaient s’échapper
Bien loin, il courut pour pouvoir les
rattraper.
Les coquins à travers champs savamment
erraient,
Et prirent le chemin du bois ; ils
espéraient
Y cacher leur butin dans un lointain
endroit.
Haimet, lui, allait en avant, preste et
adroit,
Pour assurer la marche, et son hardi frère,
Appesanti par la bête, mais téméraire,
Le suivait d’un peu loin, ralentissant
le pas.
Travers atteint celui qui porte le
repas,
Et imitant l’aîné lui dit : « La
bête est lourde,
Donne, c’est mon tour, et bois de cette
gourde. »
Barat crut entendre son frère, lui donna
Le cochon et prit les devants. Il s’étonna
De rencontrer Haimet à cent pas. « Par
le Diable !
Jura-t-il, c’est un grand fripon, c’est
indéniable,
Que ce Travers qui m’a joué un vilain
tour.
Laisse-moi faire, je vais punir ce
pâtour. »
En disant cela, le coquin se dépouille,
Met sa chemise sur ses habits, et,
fripouille,
Se fait une coiffe de femme. Ainsi vêtu,
Il court à la maison de Travers, bien
têtu,
Et l’attend derrière la porte mal
fermée.
Il contrefit la voix de sa femme alarmée
Quand il arriva, et lui demanda : « Chéri,
As-tu le cochon ? Les brigands
ont-ils péri ? »
« Je l’ai, répondit-il, mais les
brigands vivent. »
« Eh bien ! hâte-toi, il me
semble qu’ils arrivent,
Car j’ai entendu à l’étable un bruit
suspect. »
Là-dessus il court pour les tenir en
respect,
Lui donne l’animal et va à l’étable
Chercher les deux fripons qu’il sait
redoutables.
Mais quand il rentra, sa pauvre femme
pleurait
Et elle était au lit et de peur se
mourait.
Il hurlait de rage et quitta sa tanière,
Jurant de ne sortir, quelle que fût la
manière,
De cette aventure sombre que victorieux,
Armé de sa hache, belliqueux et furieux.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mercredi 15 avril 2015
Conte: Les trois Larrons (Partie III)
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